Lubumbashi ville touristique !
C’est vrai qu’il y a beaucoup de belles choses ici à Lubumbashi qui valent la peine d’être visitées. Mais je ne crois pas que les garçons qui viennent frapper chez nous soient intéressés par les sites touristiques Lushois.
Les voyageurs de trains les ont sûrement déjà remarqués sur le trajet Ilebo – Lubumbashi. Chaque train qui entre dans la gare à Lubumbashi comporte un certain nombre de voyageurs clandestins. Dans la cour de BakanjaVille, nous savons dire quand un train est arrivé, parce qu’à chaque fois, nous accueillons des nouveaux venus de tout âge confondu. De temps en temps, c’est effrayant de voir arriver des tous petits de 6 – 7 ans. On se demande comment ils sont capables de faire un voyage pareil. Ce n’est pas étonnant qu’il y en ait plusieurs qui ont terminé la traversée handicapés. Nous pouvons nous poser la question de la responsabilité de laisser monter des mineurs au dessus du train avec tous les dangers que cela importe ?
En quête de quoi ?
Ces jeunes sont à la recherche d’un meilleur sort, la publicité se fait de bouches à oreilles : à Lubumbashi, il est plus facile de s’en sortir ! Il y a plus d’activités économiques et donc la survie y est plus facile. Et c’est vrai qu’un jeune « qui se débrouille un peu » (faire des petits boulots) revient le soir facilement avec trois à quatre mille francs et donc il y a moyen de survivre ici.
D’autres souhaitent étudier ! Avec leur vie antérieure, ils voient que cela ne donne pas d’avenir et donc s’ils pouvaient aller à l’école, ça pourrait changer. C’est là souvent que commence la grande déception. Le premier objectif de Bakanja Ville est de réinsérer les enfants dans leur famille. Et donc le discours que nous tenons avec les jeunes c’est d’abord la réinsertion familiale. Le réseau des ‘Œuvres Maman Marguerite’, auquel nous appartenons exige que pour chaque garçon ou fille qui étudie chez nous, nous ayons une référence familiale. Je crois que c’est logique sinon nous risquons que certains jeunes perdent les traces de leurs familles : la famille déménage parce que le papa ou la maman est muté ou autre, et au retour l’enfant trouve d’autres personnes dans la maison. Pour les jeunes venus avec le train, c’est difficile d’avoir cette référence et ce contact avec la famille. Par conséquent, l’accès pour eux à l’enseignement ici, à Lubumbashi, devient difficile. Certains décident de retourner, d’autres restent dans la rue et d’autres encore vont devenir des vrais voyageurs !
Le va -et -vient !
Pour un bon nombre de garçons, voyager sur le train devient un jeu. Un beau matin, ils nous quittent en disant qu’ils rentrent chez eux, naturellement sans ticket de voyage. Et quelques semaines après, ils sont de nouveau là et ils nous rapportent les nouvelles d’autres jeunes qui sont aussi déjà passés à Bakanja Ville. Certains ont déjà fait 4 ou 5 fois le voyage, ils voient que la situation familiale n’a pas encore changé et donc ils reviennent à Lubumbashi.
‘Vagabonds’ avec un cœur !
Je n’aime pas le terme ‘vagabond’ mais communément on appelle nos garçons ainsi ! Après nouvel an, un garçon d’environ 9 ans se prépare pour rentrer par le train. Un Frère lui demande de lui montrer ce qu’il a dans son sac : des nouveaux habits pour lui mais également pour son grand frère qui est resté à la maison. Il aurait voulu emporter un téléphone pour sa maman parce qu’elle ne pouvait pas leur donner chaque jour un repas, et avec ce téléphone elle aurait pu gagner de quoi se nourrir ! Il est donc parti sans téléphone en espérant qu’il ne fera pas le chemin de retour.
Nous croyons qu’on devrait organiser plus de contrôles dans les gares, cela pourrait déjà diminuer fortement cette immigration.