Bakanja - ville News

REFUGE POUR LES ENFANTS DE LA RUE A LUBUMBASHI R.D.CONGO

dimanche 30 juin 2013

Quinze ans « Bakanja-ville »

Quinze ans d’existence pour la maison d’accueil et d’écoute pour les enfants de la rue « Bakanja-ville

 


            L’année pastorale pour la famille salésienne Lushoise, en particulier la communauté Bakanja-Magone, vient de s’achever dans la joie totale, grâce notamment à la célébration de plusieurs solennités. Après la célébration de la fête de Marie auxiliatrice : «  Marie secours des chrétiens » le 24/05/2013 qui marque la fin de l’année pastorale salésienne à Bakanja-centre, la communauté a eu le grand contentement de célébrer  dans l’enceinte de la Maison Bakanja-ville : « Maison d’accueil et d’écoute pour les enfants de la rue », en date du 25/05/2013 l’anniversaire du père directeur, le révérend Père Edouard et les quinze ans d’existence de ladite maison. A part les  supérieurs  de la communauté, différentes autres  personnalités étaient au rendez-vous, parmi lesquelles le Révérend Père Lambert, directeur du Théologicum, qui fut parmi les cofondateurs de la maison Bakanja-ville, et autres invités. Tout a commencé par la célébration eucharistique, puis les enfants ont présenté différents numéros (danses traditionnelles et modernes ; acrobatie et autres), et enfin a eu lieu  la réception. L’un des moments tant attendu  de la manifestation fut la lecture du discours  sur l’historique de la maison.

                       
Chers lecteurs, de 1998 à 2013 voilà  que quinze bonnes années viennent de s’écrouler depuis que la divine providence avait voulu  par le biais du conseil provincial, en accord avec la communauté locale de Bakanja-centre, qu’une institution spécialisée, une présence salésienne, puisse voir le jour au centre ville de Lubumbashi précisément sur l’avenue Ndjamena au N°683, afin de se rapprocher d’avantage des jeunes abandonnés, marginalisés, désocialisés.  Leur nombre augmentait dans les rues de Lubumbashi,  ils vivaient dans des conditions inhumaines et ne pouvaient plus se rendre à Bakanja-centre à cause de la distance.

Depuis sa création jusqu’à nos jours, la maison Bakanja-ville est passée par plusieurs étapes dans son style  de travail compte tenu des exigences et circonstances du  moment. Mais malgré cela  l’objectif était  resté le même : « la réintégration familiale et sociale »

A son inauguration, elle n’était opérationnelle que le jeudi car c’étaient les assistants sociaux de Bakanja-centre qui faisaient la permanence et auprès de qui les jeunes trouvaient une oreille attentive et des conseils adéquats.

En 1999, elle était  devenue une maison « portes ouvertes » parce qu’elle pouvait accueillir tous les jours les jeunes qui venaient lessiver, se doucher et certains pouvaient cuisiner leur propre nourriture. Ils bénéficiaient de la part de la maison de soins médicaux et d’un morceau de savon. Pour leur divertissement ils avaient l’occasion de participer aux différentes activités sportives qui étaient organisées dans la parcelle comme le football, le basket-ball et le volley-ball. Il faut noter qu’en ce temps là, la maison n’offrait que le cadre, l’écoute, l’assistance dans la cour et  faisait l’enquête sociale dans le but de retrouver les familles des jeunes pour leur réinsertion.

En 2000, le gouvernorat du Katanga,  dans le but de lutter contre le phénomène enfants de la rue, avait lancé le slogan «  shege zéro » en prenant l’initiative de placer tous les enfants au centre fermé Kassapa (la prison) ; une décision qui priva Bakanja-ville des jeunes pendant un bon temps. Mais malheureusement les autorités de cette dernière n’arrivaient pas à contrôler la situation de cette affluence de jeunes, les moyens matériels et financiers faisaient défaut. Alors tous les jeunes furent relâchés. Une fois relâchés, un groupe d’entre eux vinrent  demander s’ils pouvaient dorénavant passer la nuit à Bakanja-ville en vue d’échapper aux maltraitances et abus nocturnes des forces de l’ordre.

En maintenant la même philosophie, celle de ne pas encourager la vie de la rue en ne venant pas en aide aux besoins des  jeunes, Bakanja-ville devint alors  un véritable« refuge de nuit ». A partir de ce jour là, la maison était ouverte de 7h00 à 21h00, et ne pouvaient passer nuit dans le refuge, que les jeunes ayant  moins de 18 ans. Pour des raisons de sécurité, la maison avait pris l’initiative d’enregistrer les jeunes qui y  passaient  nuit.

En vue d’assurer une meilleure éducation aux jeunes qui  fréquentaient  la maison Bakanja-ville, elle  avait jugé  bon d’insérer  le cadre éducatif à son fonctionnement, avec les cours d’alphabétisations qui étaient suivis à Bakanja –centre et la catéchèse. Cette opportunité était offerte uniquement aux jeunes qui fréquentaient régulièrement le refuge de nuit ; par conséquent, la liste de présence était suivie à la loupe. Etant donné que ceux qui allaient à l’école n’avaient plus le temps matériel de travailler afin de subvenir à leurs besoins, la maison offrait alors à chaque élève un repas, et pour ceux qui travaillaient, la maison les aidait à bien gérer leurs revenus. A la fin de l’année scolaire les jeunes qui étaient réguliers au refuge de nuit, ponctuels à l’école pendant l’année scolaire précédente, et pour  qui la maison était  en  contact avec leurs familles sans la possibilité de les réinsérer, étaient transférés à Bakanja-centre à l’internat. Malgré ces modifications, la maison ne visait que la réinsertion, d’où la recherche des familles et les négociations qui s’avéraient nécessaires.

En 2003, plus de 250 jeunes remplissaient chaque nuit les locaux de Bakanja-ville. Cette situation avait poussé les responsables à acheter la parcelle voisine afin de pouvoir accueillir plus des jeunes, avec un minimum de confort et de sécurité.

En Août 2009, les jeunes avaient un défi à relever, car suite aux instructions du gouvernement provincial qui ne voulait plus voir les enfants trainer dans les rues de Lubumbashi, un délai de trois jours leur avait été accordé pour quitter la ville. La maison avait laissé aux jeunes le choix de prendre une décision :

- Rentrer en famille

- S’éloigner de la ville

- Aller au centre Kassapa qui avait été aménagé pour eux.

Cette période était  devenue une période d’agitation pour la maison, qui n’avait plus le droit d’accueillir les jeunes dans ses murs et ne pouvait se contenter que de les orienter vers le centre fermé de la Kassapa.

 
- Changer le système de refuge de nuit en centre semi-fermé.       

- N’accueillir que les jeunes qui voulait être accompagnés en famille ou qui voulait aller à l’école             

- Ne pas accueillir les jeunes provenant du centre Kassapa

Telles furent les exigences qui ont été imposées à Bakanja-ville lors d’une convocation par le gouvernement provincial, au cours de laquelle la maison avait profité de l’occasion pour renégocier sa réouverture.

De décembre 2009 à nos jours, la maison est devenue « semi-ouverte » et ne peut fonctionner de la même façon que le gouvernement l’avait  prescrit : accueillir et accompagner les jeunes avec comme objectif liminaire la réinsertion familiale et sociale ; sur quoi nous vous avons déjà énormément parlé dans les « Bakanja news » précédents.


Un bilan positif pour ces quinze ans 

                
En ce qui concerne le bilan pour  ces quinze ans d’existence de  la maison, nous restons très optimistes et tenons à louer les efforts consentis pour la réalisation de cette œuvre immense et fructueuse. Ce qui signifie que nous ne pouvons passer sous silence les chefs-d'œuvre que la maison a réalisés durant ces quinze années. La maison Bakanja-ville a rendu  et continue à rendre d’énormes services à de nombreuses familles en détresse, à l’église dans le but de former des bons chrétiens, à l’état congolais dans sa lutte contre le phénomène des enfants de la rue et dans le but de former d’honnêtes citoyens, tout cela grâce au système préventif que nous a laissé Don Bosco. Il faut sans doute signaler que  grâce à ce dernier, des centaines des jeunes ont pu réintégrer leurs familles et d’autres ont été transférés dans différentes maisons salésiennes pour apprendre un métier et aujourd’hui, ils se hâtent librement à réaliser leurs rêves, leurs projets dans cette même société qui les avait bannis sans émouvoir grand monde.


C’est pourquoi par la même opportunité la maison en profite pour remercier toutes les personnes physiques ou morales qui ont contribué  et qui contribuent de près ou de loin,  financièrement, matériellement et moralement à faire du bien aux jeunes qu’elle encadre. Elle continue à  compter sur chacun de vous, pour continuer à aider ces malheureux et pauvres jeunes, la maison croit fermement qu’avec son système de travail, on ne parlera bientôt plus des enfants de la rue comme aujourd’hui.

 
Statistiques trimestrielles pour les mois d’avril, mai et juin  2013


Visites de négociations
115
Visites avec réintégrations
13
Visites de suivis
97

 

 

dimanche 31 mars 2013

Conscientiser et conscientiser


La conscientisation, l’une des voies vers la réinsertion sociale et/ou familiale ?

Dès le début de l’année 2013, la maison Bakanja-ville avait accueilli en son sein quelques enfants qui avaient chacun leurs problèmes : ainsi donc, à chaque enfant correspond un problème auquel il faudra trouver une solution. Fidèle à notre objectif traditionnel : les faire sortir de la rue, vers la maison Bakanja-ville en vue de la réinsertion sociale et/ou familiale. C’est ainsi que cette conscientisation se fait au quotidien et au «cas par cas », bien que le but poursuivi reste le même.

Comment se déroule cette conscientisation ?

C’est l’équipe éducatrice qui s’en occupe ; et elle se fait à de différentes étapes et selon les temps forts de l’année : soit c’est la conscientisation individuelle c’est-à-dire  dès le premier  contact avec l’enfant, soit collectivement lors des journées de conscientisation programmées par la maison et dont l’animation se fait par des invités experts (chargés de protection de l’enfance des affaires sociales, division genre, famille et enfants…). Au moins chaque jour, la maison Bakanja-ville reçoit au minimum cinq nouveaux cas qui frappent à sa porte et demandent de l’aide.

Pour rendre efficace cette démarche de conscientisation, nous organisons au moins trois camps par an, au cours desquels différents thèmes sont développés par différents invités experts en la matière. C’est pour nous un moment fort, d’intenses activités relationnelles avec ces enfants et où naît ou renaît le climat de confiance sur base duquel, l’ouverture aidant, l’éducation devient possible. A coté du thème et des sous-thèmes développés, plusieurs activités récréatives et ludiques sont également organisées. Parmi les thèmes développés, nous leur parlons toujours de la famille, leur disant que là c’est mieux et plus sécurisant que la rue ; on leur parle également du pardon : savoir pardonner à ceux qui vous font du mal. Pour donner un exemple, un certain mercredi 03/04/2013, nous sommes allés camper à  l’Institut Salama pour trois jours et le thème central était l’enfant prodigue, avec comme sous-thème : comment reconnaître ses fautes et avoir le courage de demander pardon ?           

 A l’issue du camp, nous avions enregistré certaines demandes qui pour aller en week-end en famille, et pour d’autres pour une réinsertion définitive. Puisque certains enfants nous l’ont demandé, nous avions jugé bon d’y aller progressivement d’autant plus que la réinsertion familiale est un processus de longue haleine, qui nécessite une étude minutieuse, et donc du tact. Ce processus doit être mûri d’une part du côté enfant et de l’autre, famille…

Un jeune touché par la conscientisation

Un jeune, touché par le thème de pardon, a voulu renouer d’avec sa famille. Il s’agit d’un jeune d’environ 9 ans, dont les parents sont divorcés. Le papa s’est remarié à une autre femme qui  ne veut pas de l’enfant et l’accuse de sorcellerie. S’en sont suivies toutes sortes de maltraitances : physique, morale et corporelle. Puisque son papa étant irresponsable et incapable de dire quoi que ce soit à sa femme, il laisse faire toutes ces bêtises.

Plus d’une fois on a tenté une réinsertion, on aboutissait toujours à des échecs, puisque c’était soit le papa qui venait le prendre de force soit c’était sa propre mère. L’enfant ne sachant pas à quel saint se vouer, il était devenu instable et plus agressif : sa maman divorcée n’a pas de moyen et son papa remarié, irresponsable. Suite à cette instabilité, l’enfant a renoué d’avec la rue ; il a fondu, maigri, il est devenu insupportable de caractère…mais sa pauvre maman ne l’a pas abandonné pour autant, elle passait nuit et jour à la maison Bakanja-ville pour demander conseils.

En fin de compte, l’enfant nous est revenu malade, maigrichon et nous demandant de le reprendre à Bakanja-ville. Chose qui a été faite ; touché par la quintessence du thème disions-nous, il a décidé de concert avec sa maman d’aller habiter à Mbuji-Mayi avec sa grand-mère maternelle. Nous sommes en contact régulier par téléphone avec ses tuteurs et il va bien.

Toute chose étant égale par ailleurs, et puisque nous parlions de la conscientisation comme l’un des piliers qui mènent vers une possible réinsertion ; il n’y a pas que les enfants qui sont concernés mais aussi et surtout les parents ou tuteurs de ces enfants. Ceux des parents pour qui la réinsertion n’a pas posé problème, partagent avec ceux pour qui elle pose problème ; et en fin de compte les experts invités, y compris l’assistant social,  interviennent pour une bonne chute.

Terminons par une triste nouvelle : au mois de mars 2013 et précisément le 23/03, était prévue une journée de conscientisation avec les parents ou tuteurs des enfants ; journée qui s’était soldée par un échec cuisant puisque sur 37 familles ciblées, 9 seulement étaient présentes et pour cause, tristes événements de Bakata Katanga. 

lundi 31 décembre 2012

Ce n’est jamais impossible

Vers la voie de la réintégration familiale

En cette fin d’année 2012, la maison Bakanja-ville a accueilli des nouveaux et anciens jeunes qui viennent pour être aidés, en connaissant bien l’objectif de la maison qui n’est autre que celui de les faire sortir de la rue en vue de leur réinsertion social et familiale.

Il est parfois facile de parler de la réinsertion, mais la maison trouve le processus plus intéressant que la théorie. L’écoute et la compréhension sont souvent les clés de la réussite. C’est pourquoi de nombreuses activités à caractère spirituel sont organisées, qui visent toutes la conscientisation. Certes, en envoyant les jeunes à l’école  nous sommes convaincus que c’est déjà un pas vers la réinsertion. Puisque les parents de  ces enfants sont nos principaux partenaires  avec qui nous sommes appelés à collaborer, il s’avère plus qu’important  d’organiser des journées d’éveil et de conscientisation, comme celle du 15 décembre 2012.

Renouer les liens avec la famille

Ayant comme priorité de travailler avec les jeunes, comme le font les autres maisons salésiennes, Bakanja-ville travaille non seulement avec les  enfants mais aussi avec leurs parents ou tuteurs en vue d’une probable réinsertion familiale. Puisque notre maison est un bon cadre pour une bonne croissance morale des jeunes, nous ouvrons notre porte pour que celui-ci en venant toquer, trouve de l’aide soit en réintégrant de nouveau la maison familiale d’où il a fui, soit en trouvant un peu d’aide pour être scolarisé. Et cela se fait par la médiation, la conscientisation, la recherche de la famille. En vue de leur réinsertion, nous leur demandons d’aller passer les temps de Noël et Pâques en famille, ce sont des temps forts pour eux qui leur permettront de renouer petit à petit avec les leur (chaleur familiale).

Nos jeunes continuent à fréquenter Bakanja-centre pour l’école aussi longtemps que les démarches sont en cours : médiation, négociation pour une éventuelle réinsertion.

Les enfants trouvent dans notre maison un bon cadre, raison pour laquelle trois ou quatre arrivent chaque semaine, voire plus selon les périodes… A chaque nouvelle arrivée, il y a du pain sur la planche pour le corps éducatif, tout le monde s’y met : entrer en contact avec les tous nouveaux venus, chercher à créer un climat de confiance entre l’éducateur et l’éduqué, sans lequel il n’y aura pas d’éducation.

Aucune réinsertion n’est impossible

Pour la petite histoire, la maison Bakanja-ville avait accueilli par le passé un enfant d’à peine 8 ans répondant au nom Juma, orphelin de mère et abandonné par son papa polygame. L’enfant nous était arrivé en piteux état : mauvaise santé, mal habillé et mal en point. Nous avions pris du temps pour le remettre sur pieds. Depuis plus de sept ans, l’enfant  n’avait plus de nouvelles de son papa et seulement quelques rares  contacts avec ses oncles paternels  et son grand-père se trouvant toujours à Kalemie. Son grand frère, après avoir lui aussi passé quelques temps sur la rue, avait jugé bon d’habiter dans un foyer autonome. L’enfant étant en âge de fréquenter l’école, nous l’avions scolarisé dans plus d’une école de la place, car c’était un enfant intelligent mais difficile. Il a finalement obtenu un certificat de fin d’études primaires en 2012.

Un comportement difficile comme conséquence d’un manque d’affection familiale : il a connu la rue tout petit, tout petit il a appris à endurer la vie de la rue : atrocités, bizutage, drogue et que savons-nous encore ? Tout le monde disait de lui : « On en a marre, il faut se passer de lui ; qu’il mène sa vie, qu’on n’y mette une croix. »

Des ténèbres ont jailli une lueur d’espoir : après avoir déçu presque tout le monde par ses multiples forfaits, il a enfin décidé de renouer avec sa famille qui se trouvait à Kalemie. Il pensait que son papa était déjà mort, et qu’il n’avait personne sur qui compter si ce n’est son grand-père. Après conscientisation du jeune, les démarches furent entreprises de Lubumbashi pour tenter de retrouver sa famille. C’était une mer à boire pour nous puisque ni son grand-père, ni ses oncles paternels, n’étaient pas d’accord de récupérer le jeune puisqu’il  avait été sur la rue, de peur qu’il n’influence les autres enfants. Il fallu négocier sérieusement jusqu’à trouver une issue heureuse : « Nous sommes pauvres nous disaient-ils, au lieu de l’emmener ici à Kalemie, c’est mieux à Kinshasa où est son père, et puisqu’il est vivant, qu’il prenne ses responsabilités. » C’était la première fois que Juma apprenait que son papa était bel et bien vivant : « Donc il est vivant ? Je dois le rencontrer tout de suite ! Puis-avoir son numéro de téléphone ? Quand est-ce que je vais voyager pour Kinshasa ? J’ai aussi un papa, Dieu soit loué ! »

De Kinshasa les choses n’ont pas été faciles. Son papa également était content et ému, mais que faire pour sa réinsertion ? Etant marié à une autre femme qui n’aimerait pas la présence de Juma à la maison, il a souhaité que Juma aille habiter chez sa tante à Bukavu.  Les démarches ont mis plus de temps que prévu, on pouvait déjà deviner chez le jeune  un certain découragement puisqu’on allait de promesse en promesse. Il a changé de comportement et commencé à devenir dangereux  et pour lui-même et pour les autres enfants, sans oublier la prise de drogue. La maison Bakanja-ville ne s’est pas lassée de mener la médiation entre le papa du jeune et ce dernier, et finalement, le 18 décembre, nous avons eu son billet pour Bukavu. C’a été une joie énorme quand Juma a appris que son billet était prêt, et qu’il ne restait que les formalités administratives à remplir.

A 24h du voyage, on a reçu un coup de fil comme quoi la famille n’était pas prête pour accueillir le jeune à Bukavu et qu’il fallait l’emmener à Kinshasa où  est son papa. Comment s’y prendre pour ne pas décourager le jeune, et d’autant plus que le billet était déjà payé ? Force était de croire au savoir-faire de l’assistant social qui, grâce à lui  les négociations ont abouti sur une issue heureuse ; et le jeune a pu voyager le 19. Il continue à nous téléphoner nous disant qu’il va bien. Et surtout, il vit de nouveau parmi sa famille et a renoué avec l’école.          

mardi 25 décembre 2012

Lettre avec des nouvelles

  Bien chers amis,
 

Salutation cordiale depuis notre ‘Cher Congo’ !

Il est grand temps que nous vous donnions quelques nouvelles fraîches de nos œuvres.

Grâce à votre aide matérielle et financière généreuse nous avons pu accepter, à bras ouverts, chaque enfant qui s’est présenté.  Personne n’a été éconduit, aucune fille ni garçon en difficulté n’est resté devant la porte !  Cela n’a pas été toujours facile… mais chaque fois nous avons pu trouver une petite place, chaque fois nous avons pu ajouter un enfant…

Chaque jour nous préparons 1000 repas ! Chaque semaine 750 jeunes reçoivent un pain de savon !  Chaque mois nous payons une centaine de salaires…

Nous recevons, grâce à vous, non seulement de l’argent, mais c’est aussi plus de 20 tonnes de matériel qui nous est parvenu cette année !  Beaucoup de matériel de sport,  tout un stock d’imperméables,  des vélos pour enfants, du matériel scolaire…  Cette année nous avons aussi réalisé un projet de 250 arbres fruitiers à planter, et encore bien trop d’autres projets pour tous pouvoir les mentionner !  Toutes ces aides et ce beau matériel sont d’un grand secours à nos jeunes et allège bien notre travail.

Quelques faits marquants de l’année qui vient de s’écouler. 

Le point culminant de l’année 2012 à été la visite des reliques de Don Bosco en avril. 

En 2015, notre Congrégation fêtera le bicentenaire de la naissance de son saint patron.

Pour nous préparer spirituellement à ce jubilé, les reliques de Don Bosco font le tour du monde.  Nous aussi, ici à Lubumbashi, nous avons donc pu bénéficier de cette visite.  A Bakanja-ville, où a lieu le premier accueil des enfants en difficulté, nous n’avions prévu ni visite de Don Bosco ni festivité, et ce parce que nous avions pensé que nos garçons plus âgés qui prennent des narcotiques ne seraient pas réceptif à cet évènement.  Mais c’est justement eux-mêmes, ces jeunes souffrant d’addiction aux ‘drogues’, qui nous ont demandé : “Pourquoi, Don Bosco, ne vient-il pas chez nous ?  Nous sommes quand-même ses amis !”  Nous avons alors décidé de planifier le passage des reliques à Bakanja-ville et d’organiser, avec eux, en l’honneur de Don Bosco, une liturgie de prière.  Ah ! Nos chers ‘drogués’ n’avaient jamais été si heureux !  Et moi personnellement,  je pense que Don Bosco, de nouveau au milieu de ces garçons pour lesquels il avait donné sa vie, était lui aussi très content et a souri !   

Vous savez les difficultés que nous rencontrons à travailler en collaboration avec les autorités locales.

Cette année de nouveaux juges pour la jeunesse ont été nommés et, dorénavant,  si des garçons désirent entrer chez nous, ou si nous rencontrons pendant nos tournées de nuit des jeunes qui vivent dans la rue et qui cherchent une issue, nous sommes obligés d’en avertir le tribunal.  Nous pouvons ensuite garder ces garçons pendant un mois dans nos maisons, pour parler avec eux, commencer un travail de conscientisation, et pour prendre un premier contact avec leurs familles. 

Le juge qui suit Bakanja est venu nous rencontrer sur le terrain et nous a manifesté sa plus grande confiance, ce qui est très positif.  Après un mois chez nous, et après avoir effectué une enquête auprès de la famille (quand on a pu la retrouver), si on décide qu’un garçon ou une fille peut être placé dans une de nos maisons, alors le tribunal doit faire un document pour le placement.  Et c’est là que le bât blesse !  Comme nous ne nous ne voulons pas payer de ‘pourboire’ aux agents de l’Etat, nous devons parfois patienter des mois avant de recevoir ce document !!  La corruption est partout ! 

          Lors de nos visites dans les familles nous recevons des réactions très variées.  Un jour dans une famille, une maman nous a dit : “Pour moi, ce fils n’existe plus !  Je vous le donne en cadeau” …Ce type de réaction engage de longs pourparlers pour faire accepter à la maman de revoir son enfant et illustre bien une des problématiques auxquelles nous devons savoir faire face avec patience et confiance. 

          Mais il y a aussi des réactions très positives.  Ainsi, à 120Km d’ici, nous visitions une famille dont les parents pensaient que leur fils était décédé.  Quelle joie pour eux d’apprendre que leur fils était vivant ! Ils n’ont pas tué le veau gras comme dans l’évangile, mais le lendemain, il y avait une belle fête de famille et Bakanja-ville recevait 20$ et quelques pots de conserves pour nos garçons qui n’ont pas encore pu être placés ! Nous espérons que ce garçon s’accoutumera de nouveau à la vie de famille.

          Puis, il y a toujours nos ‘enfants sorciers’.  Ce sont les enfants qui sont accusés de ‘magie’.  Un jour un garçon de 10 ans arrive chez nous, il avait vécu quelques mois dans la rue et il voulait changer de vie.  Il voulait aller à l’école.  En composant son dossier et en examinant son état physique général, nous constatons qu’il a une cicatrice profonde à la tête.  Il nous explique alors  avec ses mots : “Ils m’accusent d’être sorcier.  Ils m’ont emmené chez le pasteur, et celui-ci pendant l’exorcisme, il tenait une bougie au-dessus de ma tête.  Mes cheveux prirent feu.  De là, cette cicatrice.”  Nous sommes allés voir la famille qui nous a confirmé que ce garçon disait bien la vérité.  Nous avons alors averti le tribunal.  Aujourd’hui le garçon évolue bien et nous  espérons qu’avec le temps il saura surmonter ce traumatisme. 

A Bakanja-Centre, cette année à été marquée par un progrès notable dans les installations. Ainsi, nous avons pu installer des panneaux solaires qui sont d’une grande utilité car chaque soir le centre souffre des grosses coupures de courant des services municipaux. 

A Bakanja-Ville il y a 80 internes et une infirmerie, c’était alors très difficile et quasi impossible de travailler dans l’obscurité !  Quelques locaux bénéficient aujourd’hui de panneaux solaires et nous sommes pressés d’avoir partout, dans les études et les dortoirs, le reste des installations solaires !


Le thème du mois des missions était “Des rencontres vous mettent sur le chemin”.  En effet, les enfants que nous rencontrons nous mettent sur le chemin.  Pour que leurs rêves d’avenir se réalisent nous les accompagnons sur ce chemin.  C’est chose magnifique que de redonner espoir aux jeunes.  Ils ne sont pas perdus pour la société et ils peuvent devenir eux-mêmes des acteurs d’un monde meilleur !
 
         Pendant les grandes vacances, quarante jeunes ont suivi une formation de construction écologique.  Les animateurs étaient des formateurs et architectes français et autrichiens.  Nous avons construit deux petites classes pour une école primaire.  Quelques ministres, des autorités, des diplomates… sont venus voir et remettre les diplômes en fin de formation.  Nos garçons étaient très fiers, eux qui étaient jusqu’alors considérés comme les parias de la société se trouvaient tout à coup au centre de l’attention.  De telles expériences leur donnent confiance en eux et les font grandir !

Chers amis, vous qui aimez nos garçons, recevez notre reconnaissance à tous pour l’aide financière et matérielle que vous nous apportez et sans laquelle nous ne saurions effectuer nos missions.  Soyez-en certains: “Aider… ça aide!”