Ce n’est jamais impossible
Vers la voie de la réintégration familiale
En cette fin d’année 2012, la maison Bakanja-ville a
accueilli des nouveaux et anciens jeunes qui viennent pour être aidés, en
connaissant bien l’objectif de la maison qui n’est autre que celui de les faire
sortir de la rue en vue de leur réinsertion social et familiale.
Il est parfois facile de parler de la réinsertion, mais la
maison trouve le processus plus intéressant que la théorie. L’écoute et la
compréhension sont souvent les clés de la réussite. C’est pourquoi de
nombreuses activités à caractère spirituel sont organisées, qui visent toutes
la conscientisation. Certes, en envoyant les jeunes à l’école nous sommes convaincus que c’est déjà un pas
vers la réinsertion. Puisque les parents de
ces enfants sont nos principaux partenaires avec qui nous sommes appelés à collaborer, il
s’avère plus qu’important d’organiser
des journées d’éveil et de conscientisation, comme celle du 15 décembre 2012.
Renouer les
liens avec la famille
Ayant comme priorité de travailler avec les jeunes, comme le
font les autres maisons salésiennes, Bakanja-ville travaille non seulement avec
les enfants mais aussi avec leurs
parents ou tuteurs en vue d’une probable réinsertion familiale. Puisque notre
maison est un bon cadre pour une bonne croissance morale des jeunes, nous
ouvrons notre porte pour que celui-ci en venant toquer, trouve de l’aide soit
en réintégrant de nouveau la maison familiale d’où il a fui, soit en trouvant
un peu d’aide pour être scolarisé. Et cela se fait par la médiation, la
conscientisation, la recherche de la famille. En vue de leur réinsertion, nous
leur demandons d’aller passer les temps de Noël et Pâques en famille, ce sont
des temps forts pour eux qui leur permettront de renouer petit à petit avec les
leur (chaleur familiale).
Nos jeunes continuent à fréquenter Bakanja-centre pour
l’école aussi longtemps que les démarches sont en cours : médiation,
négociation pour une éventuelle réinsertion.
Les enfants trouvent dans notre maison un bon cadre, raison
pour laquelle trois ou quatre arrivent chaque semaine, voire plus selon les
périodes… A chaque nouvelle arrivée, il y a du pain sur la planche pour le
corps éducatif, tout le monde s’y met : entrer en contact avec les tous
nouveaux venus, chercher à créer un climat de confiance entre l’éducateur et
l’éduqué, sans lequel il n’y aura pas d’éducation.
Aucune
réinsertion n’est impossible
Pour la petite histoire, la maison Bakanja-ville avait
accueilli par le passé un enfant d’à peine 8 ans répondant au nom Juma, orphelin
de mère et abandonné par son papa polygame. L’enfant nous était arrivé en
piteux état : mauvaise santé, mal habillé et mal en point. Nous avions pris du
temps pour le remettre sur pieds. Depuis plus de sept ans, l’enfant n’avait plus de nouvelles de son papa et
seulement quelques rares contacts avec
ses oncles paternels et son grand-père
se trouvant toujours à Kalemie. Son grand frère, après avoir lui aussi passé
quelques temps sur la rue, avait jugé bon d’habiter dans un foyer autonome.
L’enfant étant en âge de fréquenter l’école, nous l’avions scolarisé dans plus
d’une école de la place, car c’était un enfant intelligent mais difficile. Il a
finalement obtenu un certificat de fin d’études primaires en 2012.
Un comportement difficile comme conséquence d’un manque
d’affection familiale : il a connu la rue tout petit, tout petit il a appris à
endurer la vie de la rue : atrocités, bizutage, drogue et que savons-nous
encore ? Tout le monde disait de lui : « On en a marre, il faut se passer de
lui ; qu’il mène sa vie, qu’on n’y mette une croix. »
Des ténèbres ont jailli une lueur d’espoir : après avoir déçu
presque tout le monde par ses multiples forfaits, il a enfin décidé de renouer
avec sa famille qui se trouvait à Kalemie. Il pensait que son papa était déjà
mort, et qu’il n’avait personne sur qui compter si ce n’est son grand-père.
Après conscientisation du jeune, les démarches furent entreprises de Lubumbashi
pour tenter de retrouver sa famille. C’était une mer à boire pour nous puisque
ni son grand-père, ni ses oncles paternels, n’étaient pas d’accord de récupérer
le jeune puisqu’il avait été sur la rue,
de peur qu’il n’influence les autres enfants. Il fallu négocier sérieusement
jusqu’à trouver une issue heureuse : « Nous sommes pauvres nous disaient-ils,
au lieu de l’emmener ici à Kalemie, c’est mieux à Kinshasa où est son père, et
puisqu’il est vivant, qu’il prenne ses responsabilités. » C’était la première
fois que Juma apprenait que son papa était bel et bien vivant : « Donc il est
vivant ? Je dois le rencontrer tout de suite ! Puis-avoir son numéro de
téléphone ? Quand est-ce que je vais voyager pour Kinshasa ? J’ai aussi un
papa, Dieu soit loué ! »
De Kinshasa les choses n’ont pas été faciles. Son papa
également était content et ému, mais que faire pour sa réinsertion ? Etant
marié à une autre femme qui n’aimerait pas la présence de Juma à la maison, il
a souhaité que Juma aille habiter chez sa tante à Bukavu. Les démarches ont mis plus de temps que
prévu, on pouvait déjà deviner chez le jeune
un certain découragement puisqu’on allait de promesse en promesse. Il a
changé de comportement et commencé à devenir dangereux et pour lui-même et pour les autres enfants,
sans oublier la prise de drogue. La maison Bakanja-ville ne s’est pas lassée de
mener la médiation entre le papa du jeune et ce dernier, et finalement, le 18
décembre, nous avons eu son billet pour Bukavu. C’a été une joie énorme quand
Juma a appris que son billet était prêt, et qu’il ne restait que les formalités
administratives à remplir.
A 24h du voyage, on a reçu un coup de fil comme quoi la
famille n’était pas prête pour accueillir le jeune à Bukavu et qu’il fallait
l’emmener à Kinshasa où est son papa.
Comment s’y prendre pour ne pas décourager le jeune, et d’autant plus que le
billet était déjà payé ? Force était de croire au savoir-faire de l’assistant
social qui, grâce à lui les négociations
ont abouti sur une issue heureuse ; et le jeune a pu voyager le 19. Il continue
à nous téléphoner nous disant qu’il va bien. Et surtout, il vit de nouveau
parmi sa famille et a renoué avec l’école.
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