Conscientiser et conscientiser
La
conscientisation, l’une des voies vers la réinsertion sociale et/ou familiale ?
Dès le début de l’année 2013, la maison Bakanja-ville avait
accueilli en son sein quelques enfants qui avaient chacun leurs problèmes :
ainsi donc, à chaque enfant correspond un problème auquel il faudra trouver une
solution. Fidèle à notre objectif traditionnel : les faire sortir de la rue,
vers la maison Bakanja-ville en vue de la réinsertion sociale et/ou familiale.
C’est ainsi que cette conscientisation se fait au quotidien et au «cas par cas
», bien que le but poursuivi reste le même.
Comment se
déroule cette conscientisation ?
C’est l’équipe éducatrice qui s’en occupe ; et elle se fait à
de différentes étapes et selon les temps forts de l’année : soit c’est la
conscientisation individuelle c’est-à-dire
dès le premier contact avec
l’enfant, soit collectivement lors des journées de conscientisation programmées
par la maison et dont l’animation se fait par des invités experts (chargés de
protection de l’enfance des affaires sociales, division genre, famille et
enfants…). Au moins chaque jour, la maison Bakanja-ville reçoit au minimum cinq
nouveaux cas qui frappent à sa porte et demandent de l’aide.
Pour rendre efficace cette démarche de conscientisation, nous
organisons au moins trois camps par an, au cours desquels différents thèmes
sont développés par différents invités experts en la matière. C’est pour nous
un moment fort, d’intenses activités relationnelles avec ces enfants et où naît
ou renaît le climat de confiance sur base duquel, l’ouverture aidant,
l’éducation devient possible. A coté du thème et des sous-thèmes développés,
plusieurs activités récréatives et ludiques sont également organisées. Parmi
les thèmes développés, nous leur parlons toujours de la famille, leur disant
que là c’est mieux et plus sécurisant que la rue ; on leur parle également du
pardon : savoir pardonner à ceux qui vous font du mal. Pour donner un exemple,
un certain mercredi 03/04/2013, nous sommes allés camper à l’Institut Salama pour trois jours et le
thème central était l’enfant prodigue, avec comme sous-thème : comment
reconnaître ses fautes et avoir le courage de demander pardon ?
A l’issue du camp,
nous avions enregistré certaines demandes qui pour aller en week-end en
famille, et pour d’autres pour une réinsertion définitive. Puisque certains
enfants nous l’ont demandé, nous avions jugé bon d’y aller progressivement
d’autant plus que la réinsertion familiale est un processus de longue haleine,
qui nécessite une étude minutieuse, et donc du tact. Ce processus doit être
mûri d’une part du côté enfant et de l’autre, famille…
Un jeune
touché par la conscientisation
Un jeune, touché par le thème de pardon, a voulu renouer
d’avec sa famille. Il s’agit d’un jeune d’environ 9 ans, dont les parents sont
divorcés. Le papa s’est remarié à une autre femme qui ne veut pas de l’enfant et l’accuse de
sorcellerie. S’en sont suivies toutes sortes de maltraitances : physique,
morale et corporelle. Puisque son papa étant irresponsable et incapable de dire
quoi que ce soit à sa femme, il laisse faire toutes ces bêtises.
Plus d’une fois on a tenté une réinsertion, on aboutissait
toujours à des échecs, puisque c’était soit le papa qui venait le prendre de
force soit c’était sa propre mère. L’enfant ne sachant pas à quel saint se
vouer, il était devenu instable et plus agressif : sa maman divorcée n’a pas de
moyen et son papa remarié, irresponsable. Suite à cette instabilité, l’enfant a
renoué d’avec la rue ; il a fondu, maigri, il est devenu insupportable de caractère…mais
sa pauvre maman ne l’a pas abandonné pour autant, elle passait nuit et jour à
la maison Bakanja-ville pour demander conseils.
En fin de compte, l’enfant nous est revenu malade, maigrichon
et nous demandant de le reprendre à Bakanja-ville. Chose qui a été faite ;
touché par la quintessence du thème disions-nous, il a décidé de concert avec
sa maman d’aller habiter à Mbuji-Mayi avec sa grand-mère maternelle. Nous
sommes en contact régulier par téléphone avec ses tuteurs et il va bien.
Toute chose étant égale par ailleurs, et puisque nous
parlions de la conscientisation comme l’un des piliers qui mènent vers une
possible réinsertion ; il n’y a pas que les enfants qui sont concernés mais
aussi et surtout les parents ou tuteurs de ces enfants. Ceux des parents pour
qui la réinsertion n’a pas posé problème, partagent avec ceux pour qui elle
pose problème ; et en fin de compte les experts invités, y compris l’assistant
social, interviennent pour une bonne
chute.
Terminons par une triste nouvelle : au mois de mars 2013 et
précisément le 23/03, était prévue une journée de conscientisation avec les
parents ou tuteurs des enfants ; journée qui s’était soldée par un échec
cuisant puisque sur 37 familles ciblées, 9 seulement étaient présentes et pour
cause, tristes événements de Bakata Katanga.
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