Bakanja - ville News

REFUGE POUR LES ENFANTS DE LA RUE A LUBUMBASHI R.D.CONGO

vendredi 10 septembre 2010

Craignons plutôt le désengagement

Il est dit que le Salésien ne craint pas la défaite, mais plutôt l’inertie et le désengagement. Il y a quelques mois que plus d’un se demandent ce qui reste à faire à Bakanja ville, si pas de Bakanja ville ! A-t-on fermé les portes ou … vu que tous les enfants de la rue ont été récupérés par le Gouverneur et son gouvernement. Et donc, si pas certains, alors beaucoup seront surpris d’apprendre que Bakanja ville vit encore. Il a tout simplement changé un peu son style d’intervention.
Autrefois Refuge de nuit à milieu ouvert pour enfants en rupture familiale, Bakanja ville est aujourd’hui un centre fermé d’accueil, écoute et accompagnement de ces mêmes garçons victimes de l’injustice sociale. L’objectif reste le même : la réintégration socio-familiale des enfants en rupture familiale. Il va s’en dire que cette maison a gardé son privilège d’être la porte officielle d’entrée des destinataires des Œuvres Maman Marguerite car elle reste toujours et directement très proche de la rue.
Il est bien évident que toute bonne éducation prend l’éduqué comme centre de l’action éducative. D’où sa collaboration et sa coopération ne sauraient être escamotées si l’on veut au moins aboutir à des résultats satisfaisants. Nous insinuons par là que toute tentative de forcer les enfants à quitter la rue dans le cas d’espèce sans leur consentement est une œuvre vouée à l’échec. Nous avons comme dure tâche de négocier ce consentement du jeune. Ce n’est qu’à ce prix et à ce prix seulement que l’éduqué peut prendre conscience d’être le maître de sa meilleure destinée. Nous en prenons pour seuls témoins les rues de notre belle ville cuprifère. Observez-les même superficiellement et dites-nous si les enfants en rupture familiale y sont, oui ou non. Si oui, alors il y a eu manque non seulement du consentement, mais aussi d’un programme éducatif précis et réfléchi. Sinon, alors bravo ! Avec ça, devons nous craindre la défaite ou devons nous craindre le désengagement ? Comme Saint Paul, disons malheur à nous si nous pouvons rien faire.
A notre niveau, nous avons essayé de faire quelque chose. Nous avons accepté la demande des autorités de ne plus travailler en milieu ouvert. Et nous avons eu la joie d’accompagner en milieu fermé depuis le mois octobre 2009 jusqu’en juin 2010 58 jeunes. Leurs journées étaient bien pleines d’activités car après les cours qu’ils suivaient à Bakanja centre jusqu’à 15 heures, ils retournaient chez eux à Bakanja ville pour le sport, les jeux, le photo-langage, la musique thérapeutique, la catéchèse, l’étude guidée, la musique, les films, etc. Parmi ceux-ci, 12 n’ont pas su intégrer le nouveau style de vie. C’est curieux qu’en dépit de leur consentement, il y a toujours ceux qui fuient toute tentative d’« atteinte à leur liberté ». Nous comprenons par là que le seul consentement ne suffit pas ; il faut encore et surtout le vrai consentement qui pousse l’éduqué à des actes concrets témoignant de sa bonne volonté sans laquelle même l’éducateur le plus avisé ne sait rien faire.
Néanmoins, nous avons su réintégrer 28 jeunes dans leurs familles respectives : qui à Kananga, à Mbuji mayi, à Mwene ditu, à Kongolo, à Kamina, à Kolwezi, à Likasi et sur place à Lubumbashi. Et les 18 restants ont été emmenés à notre internat de Bakanja centre où se poursuit ce délicat travail d’accompagnement.
Présentement, sachant que l’image de Don Bosco parcourant les rues de Turin à la recherche des jeunes dont le besoin était le plus grand, nous nous sommes livrés à cet exercice combien audacieux. Cela nous a permis de former notre deuxième promotion constituée de 28 garçons. C’est avec ceux-ci que nous travaillons présentement. Nous sommes en train de fournir des efforts pour qu’on en sauve le plus grand nombre : 10, 12, 14, qui le sait ? A vrai dire, ils ont tellement pris goût au libertinage, à l’argent, aux drogues, etc. que cela nous demande plus de confiance et de prudence, si pas de plus de tact et de doigté.
Que le Seigneur, par l’intercession de Saint Jean Bosco, nous y aide.