Bakanja - ville News

REFUGE POUR LES ENFANTS DE LA RUE A LUBUMBASHI R.D.CONGO

dimanche 30 juin 2013

Quinze ans « Bakanja-ville »

Quinze ans d’existence pour la maison d’accueil et d’écoute pour les enfants de la rue « Bakanja-ville

 


            L’année pastorale pour la famille salésienne Lushoise, en particulier la communauté Bakanja-Magone, vient de s’achever dans la joie totale, grâce notamment à la célébration de plusieurs solennités. Après la célébration de la fête de Marie auxiliatrice : «  Marie secours des chrétiens » le 24/05/2013 qui marque la fin de l’année pastorale salésienne à Bakanja-centre, la communauté a eu le grand contentement de célébrer  dans l’enceinte de la Maison Bakanja-ville : « Maison d’accueil et d’écoute pour les enfants de la rue », en date du 25/05/2013 l’anniversaire du père directeur, le révérend Père Edouard et les quinze ans d’existence de ladite maison. A part les  supérieurs  de la communauté, différentes autres  personnalités étaient au rendez-vous, parmi lesquelles le Révérend Père Lambert, directeur du Théologicum, qui fut parmi les cofondateurs de la maison Bakanja-ville, et autres invités. Tout a commencé par la célébration eucharistique, puis les enfants ont présenté différents numéros (danses traditionnelles et modernes ; acrobatie et autres), et enfin a eu lieu  la réception. L’un des moments tant attendu  de la manifestation fut la lecture du discours  sur l’historique de la maison.

                       
Chers lecteurs, de 1998 à 2013 voilà  que quinze bonnes années viennent de s’écrouler depuis que la divine providence avait voulu  par le biais du conseil provincial, en accord avec la communauté locale de Bakanja-centre, qu’une institution spécialisée, une présence salésienne, puisse voir le jour au centre ville de Lubumbashi précisément sur l’avenue Ndjamena au N°683, afin de se rapprocher d’avantage des jeunes abandonnés, marginalisés, désocialisés.  Leur nombre augmentait dans les rues de Lubumbashi,  ils vivaient dans des conditions inhumaines et ne pouvaient plus se rendre à Bakanja-centre à cause de la distance.

Depuis sa création jusqu’à nos jours, la maison Bakanja-ville est passée par plusieurs étapes dans son style  de travail compte tenu des exigences et circonstances du  moment. Mais malgré cela  l’objectif était  resté le même : « la réintégration familiale et sociale »

A son inauguration, elle n’était opérationnelle que le jeudi car c’étaient les assistants sociaux de Bakanja-centre qui faisaient la permanence et auprès de qui les jeunes trouvaient une oreille attentive et des conseils adéquats.

En 1999, elle était  devenue une maison « portes ouvertes » parce qu’elle pouvait accueillir tous les jours les jeunes qui venaient lessiver, se doucher et certains pouvaient cuisiner leur propre nourriture. Ils bénéficiaient de la part de la maison de soins médicaux et d’un morceau de savon. Pour leur divertissement ils avaient l’occasion de participer aux différentes activités sportives qui étaient organisées dans la parcelle comme le football, le basket-ball et le volley-ball. Il faut noter qu’en ce temps là, la maison n’offrait que le cadre, l’écoute, l’assistance dans la cour et  faisait l’enquête sociale dans le but de retrouver les familles des jeunes pour leur réinsertion.

En 2000, le gouvernorat du Katanga,  dans le but de lutter contre le phénomène enfants de la rue, avait lancé le slogan «  shege zéro » en prenant l’initiative de placer tous les enfants au centre fermé Kassapa (la prison) ; une décision qui priva Bakanja-ville des jeunes pendant un bon temps. Mais malheureusement les autorités de cette dernière n’arrivaient pas à contrôler la situation de cette affluence de jeunes, les moyens matériels et financiers faisaient défaut. Alors tous les jeunes furent relâchés. Une fois relâchés, un groupe d’entre eux vinrent  demander s’ils pouvaient dorénavant passer la nuit à Bakanja-ville en vue d’échapper aux maltraitances et abus nocturnes des forces de l’ordre.

En maintenant la même philosophie, celle de ne pas encourager la vie de la rue en ne venant pas en aide aux besoins des  jeunes, Bakanja-ville devint alors  un véritable« refuge de nuit ». A partir de ce jour là, la maison était ouverte de 7h00 à 21h00, et ne pouvaient passer nuit dans le refuge, que les jeunes ayant  moins de 18 ans. Pour des raisons de sécurité, la maison avait pris l’initiative d’enregistrer les jeunes qui y  passaient  nuit.

En vue d’assurer une meilleure éducation aux jeunes qui  fréquentaient  la maison Bakanja-ville, elle  avait jugé  bon d’insérer  le cadre éducatif à son fonctionnement, avec les cours d’alphabétisations qui étaient suivis à Bakanja –centre et la catéchèse. Cette opportunité était offerte uniquement aux jeunes qui fréquentaient régulièrement le refuge de nuit ; par conséquent, la liste de présence était suivie à la loupe. Etant donné que ceux qui allaient à l’école n’avaient plus le temps matériel de travailler afin de subvenir à leurs besoins, la maison offrait alors à chaque élève un repas, et pour ceux qui travaillaient, la maison les aidait à bien gérer leurs revenus. A la fin de l’année scolaire les jeunes qui étaient réguliers au refuge de nuit, ponctuels à l’école pendant l’année scolaire précédente, et pour  qui la maison était  en  contact avec leurs familles sans la possibilité de les réinsérer, étaient transférés à Bakanja-centre à l’internat. Malgré ces modifications, la maison ne visait que la réinsertion, d’où la recherche des familles et les négociations qui s’avéraient nécessaires.

En 2003, plus de 250 jeunes remplissaient chaque nuit les locaux de Bakanja-ville. Cette situation avait poussé les responsables à acheter la parcelle voisine afin de pouvoir accueillir plus des jeunes, avec un minimum de confort et de sécurité.

En Août 2009, les jeunes avaient un défi à relever, car suite aux instructions du gouvernement provincial qui ne voulait plus voir les enfants trainer dans les rues de Lubumbashi, un délai de trois jours leur avait été accordé pour quitter la ville. La maison avait laissé aux jeunes le choix de prendre une décision :

- Rentrer en famille

- S’éloigner de la ville

- Aller au centre Kassapa qui avait été aménagé pour eux.

Cette période était  devenue une période d’agitation pour la maison, qui n’avait plus le droit d’accueillir les jeunes dans ses murs et ne pouvait se contenter que de les orienter vers le centre fermé de la Kassapa.

 
- Changer le système de refuge de nuit en centre semi-fermé.       

- N’accueillir que les jeunes qui voulait être accompagnés en famille ou qui voulait aller à l’école             

- Ne pas accueillir les jeunes provenant du centre Kassapa

Telles furent les exigences qui ont été imposées à Bakanja-ville lors d’une convocation par le gouvernement provincial, au cours de laquelle la maison avait profité de l’occasion pour renégocier sa réouverture.

De décembre 2009 à nos jours, la maison est devenue « semi-ouverte » et ne peut fonctionner de la même façon que le gouvernement l’avait  prescrit : accueillir et accompagner les jeunes avec comme objectif liminaire la réinsertion familiale et sociale ; sur quoi nous vous avons déjà énormément parlé dans les « Bakanja news » précédents.


Un bilan positif pour ces quinze ans 

                
En ce qui concerne le bilan pour  ces quinze ans d’existence de  la maison, nous restons très optimistes et tenons à louer les efforts consentis pour la réalisation de cette œuvre immense et fructueuse. Ce qui signifie que nous ne pouvons passer sous silence les chefs-d'œuvre que la maison a réalisés durant ces quinze années. La maison Bakanja-ville a rendu  et continue à rendre d’énormes services à de nombreuses familles en détresse, à l’église dans le but de former des bons chrétiens, à l’état congolais dans sa lutte contre le phénomène des enfants de la rue et dans le but de former d’honnêtes citoyens, tout cela grâce au système préventif que nous a laissé Don Bosco. Il faut sans doute signaler que  grâce à ce dernier, des centaines des jeunes ont pu réintégrer leurs familles et d’autres ont été transférés dans différentes maisons salésiennes pour apprendre un métier et aujourd’hui, ils se hâtent librement à réaliser leurs rêves, leurs projets dans cette même société qui les avait bannis sans émouvoir grand monde.


C’est pourquoi par la même opportunité la maison en profite pour remercier toutes les personnes physiques ou morales qui ont contribué  et qui contribuent de près ou de loin,  financièrement, matériellement et moralement à faire du bien aux jeunes qu’elle encadre. Elle continue à  compter sur chacun de vous, pour continuer à aider ces malheureux et pauvres jeunes, la maison croit fermement qu’avec son système de travail, on ne parlera bientôt plus des enfants de la rue comme aujourd’hui.

 
Statistiques trimestrielles pour les mois d’avril, mai et juin  2013


Visites de négociations
115
Visites avec réintégrations
13
Visites de suivis
97