Quinze ans « Bakanja-ville »
Quinze ans d’existence pour la maison d’accueil et d’écoute pour les enfants de la rue « Bakanja-ville
L’année pastorale pour la famille salésienne Lushoise, en particulier la communauté Bakanja-Magone, vient de s’achever dans la joie totale, grâce notamment à la célébration de plusieurs solennités. Après la célébration de la fête de Marie auxiliatrice : « Marie secours des chrétiens » le 24/05/2013 qui marque la fin de l’année pastorale salésienne à Bakanja-centre, la communauté a eu le grand contentement de célébrer dans l’enceinte de la Maison Bakanja-ville : « Maison d’accueil et d’écoute pour les enfants de la rue », en date du 25/05/2013 l’anniversaire du père directeur, le révérend Père Edouard et les quinze ans d’existence de ladite maison. A part les supérieurs de la communauté, différentes autres personnalités étaient au rendez-vous, parmi lesquelles le Révérend Père Lambert, directeur du Théologicum, qui fut parmi les cofondateurs de la maison Bakanja-ville, et autres invités. Tout a commencé par la célébration eucharistique, puis les enfants ont présenté différents numéros (danses traditionnelles et modernes ; acrobatie et autres), et enfin a eu lieu la réception. L’un des moments tant attendu de la manifestation fut la lecture du discours sur l’historique de la maison.
Chers lecteurs, de 1998 à 2013 voilà que quinze bonnes années viennent de
s’écrouler depuis que la divine providence avait voulu par le biais du conseil provincial, en accord
avec la communauté locale de Bakanja-centre, qu’une institution spécialisée,
une présence salésienne, puisse voir le jour au centre ville de Lubumbashi
précisément sur l’avenue Ndjamena au
N°683, afin de se rapprocher d’avantage
des jeunes abandonnés, marginalisés, désocialisés. Leur nombre augmentait dans les rues de
Lubumbashi, ils vivaient dans des
conditions inhumaines et ne pouvaient plus se rendre à Bakanja-centre à cause
de la distance.
Depuis sa création jusqu’à nos jours, la maison
Bakanja-ville est passée par plusieurs étapes dans son style de travail compte tenu des exigences et
circonstances du moment. Mais malgré
cela l’objectif était resté le même : « la réintégration familiale et
sociale »
A son inauguration, elle n’était opérationnelle que le
jeudi car c’étaient les assistants sociaux de Bakanja-centre qui faisaient la
permanence et auprès de qui les jeunes trouvaient une oreille attentive et des
conseils adéquats.
En 1999, elle était
devenue une maison « portes ouvertes » parce qu’elle
pouvait accueillir tous les jours les jeunes qui venaient lessiver, se doucher
et certains pouvaient cuisiner leur propre nourriture. Ils bénéficiaient de la
part de la maison de soins médicaux et d’un morceau de savon. Pour leur
divertissement ils avaient l’occasion de participer aux différentes activités
sportives qui étaient organisées dans la parcelle comme le football, le
basket-ball et le volley-ball. Il faut noter qu’en ce temps là, la maison
n’offrait que le cadre, l’écoute, l’assistance dans la cour et faisait l’enquête sociale dans le but de
retrouver les familles des jeunes pour leur réinsertion.
En 2000, le gouvernorat du Katanga, dans le but de lutter contre le phénomène
enfants de la rue, avait lancé le slogan « shege zéro » en
prenant l’initiative de placer tous les enfants au centre fermé Kassapa (la prison) ;
une décision qui priva Bakanja-ville des jeunes pendant un bon temps. Mais
malheureusement les autorités de cette dernière n’arrivaient pas à contrôler la
situation de cette affluence de jeunes, les moyens matériels et financiers
faisaient défaut. Alors tous les jeunes furent relâchés. Une fois relâchés, un
groupe d’entre eux vinrent demander
s’ils pouvaient dorénavant passer la nuit à Bakanja-ville en vue d’échapper aux
maltraitances et abus nocturnes des forces de l’ordre.
En maintenant la même philosophie, celle de ne pas
encourager la vie de la rue en ne venant pas en aide aux besoins des jeunes, Bakanja-ville devint alors un véritable« refuge de nuit ». A
partir de ce jour là, la maison était ouverte de 7h00 à 21h00, et ne pouvaient
passer nuit dans le refuge, que les jeunes ayant moins de 18 ans. Pour des raisons de
sécurité, la maison avait pris l’initiative d’enregistrer les jeunes qui y passaient
nuit.
En vue d’assurer une meilleure éducation aux jeunes
qui fréquentaient la maison Bakanja-ville, elle avait jugé
bon d’insérer le cadre éducatif à
son fonctionnement, avec les cours d’alphabétisations qui étaient suivis à
Bakanja –centre et la catéchèse. Cette opportunité était offerte uniquement aux
jeunes qui fréquentaient régulièrement le refuge de nuit ; par conséquent,
la liste de présence était suivie à la loupe. Etant donné que ceux qui allaient
à l’école n’avaient plus le temps matériel de travailler afin de subvenir à
leurs besoins, la maison offrait alors à chaque élève un repas, et pour ceux
qui travaillaient, la maison les aidait à bien gérer leurs revenus. A la fin de
l’année scolaire les jeunes qui étaient réguliers au refuge de nuit, ponctuels
à l’école pendant l’année scolaire précédente, et pour qui la maison était en
contact avec leurs familles sans la possibilité de les réinsérer,
étaient transférés à Bakanja-centre à l’internat. Malgré ces modifications, la
maison ne visait que la réinsertion, d’où la recherche des familles et les
négociations qui s’avéraient nécessaires.
En 2003, plus de 250 jeunes remplissaient chaque nuit
les locaux de Bakanja-ville. Cette situation avait poussé les responsables à
acheter la parcelle voisine afin de pouvoir accueillir plus des jeunes, avec un
minimum de confort et de sécurité.
En Août 2009, les jeunes avaient un défi à relever,
car suite aux instructions du gouvernement provincial qui ne voulait plus voir
les enfants trainer dans les rues de Lubumbashi, un délai de trois jours leur
avait été accordé pour quitter la ville. La maison avait laissé aux jeunes le
choix de prendre une décision :
-
Rentrer en famille
-
S’éloigner de la ville
-
Aller au centre Kassapa qui avait été aménagé pour eux.
Cette période était
devenue une période d’agitation pour la maison, qui n’avait plus le
droit d’accueillir les jeunes dans ses murs et ne pouvait se contenter que de
les orienter vers le centre fermé de la Kassapa.
-
Changer le système de refuge de nuit en centre semi-fermé.
-
N’accueillir que les jeunes qui voulait être accompagnés en famille ou qui
voulait aller à l’école
-
Ne pas accueillir les jeunes provenant du centre Kassapa
Telles furent les exigences qui ont été imposées à
Bakanja-ville lors d’une convocation par le gouvernement provincial, au cours
de laquelle la maison avait profité de l’occasion pour renégocier sa réouverture.
De décembre 2009 à nos jours, la maison est
devenue « semi-ouverte » et ne peut fonctionner de la même façon
que le gouvernement l’avait
prescrit : accueillir et accompagner les jeunes avec comme objectif
liminaire la réinsertion familiale et sociale ; sur quoi nous vous avons
déjà énormément parlé dans les « Bakanja news » précédents.
Un bilan positif pour ces quinze
ans
En ce qui concerne le bilan pour ces quinze ans d’existence de la maison, nous restons très optimistes et
tenons à louer les efforts consentis pour la réalisation de cette œuvre immense
et fructueuse. Ce qui signifie que nous ne pouvons passer sous silence les
chefs-d'œuvre que la maison a réalisés durant ces quinze années. La maison
Bakanja-ville a rendu et continue à
rendre d’énormes services à de nombreuses familles en détresse, à l’église dans
le but de former des bons chrétiens, à l’état congolais dans sa lutte contre le
phénomène des enfants de la rue et dans le but de former d’honnêtes citoyens,
tout cela grâce au système préventif que nous a laissé Don Bosco. Il faut sans
doute signaler que grâce à ce dernier,
des centaines des jeunes ont pu réintégrer leurs familles et d’autres ont été
transférés dans différentes maisons salésiennes pour apprendre un métier et
aujourd’hui, ils se hâtent librement à réaliser leurs rêves, leurs projets dans
cette même société qui les avait bannis sans émouvoir grand monde.
C’est pourquoi par la même opportunité la maison en
profite pour remercier toutes les personnes physiques ou morales qui ont
contribué et qui contribuent de près ou
de loin, financièrement, matériellement
et moralement à faire du bien aux jeunes qu’elle encadre. Elle continue à compter sur chacun de vous, pour continuer à
aider ces malheureux et pauvres jeunes, la maison croit fermement qu’avec son
système de travail, on ne parlera bientôt plus des enfants de la rue comme
aujourd’hui.
Statistiques
trimestrielles pour les mois d’avril, mai et juin 2013
Visites
de négociations
|
115
|
Visites
avec réintégrations
|
13
|
Visites
de suivis
|
97
|