Une expérience à Bakanja-ville par Lucie
LA
MAISON BAKANJA VILLE Á LUBUMBASHI
LUCIE BIUMA BAKINA
Traduit par Claire Vogels
2012
Je voudrais remercier le Père Provincial et les communautés Bakanja-Magone pour
l´accueil chaleureux. Je remercie le
Père Eric pour m´avoir permis de faire ce stage. Les Frères Charles, Adrien,
Jean de Dieu et Mr. Urbain Maswapi m´ont beaucoup aidé et je leur suis très
reconnaissante. Mais avant tout, je remercie les jeunes de Bakanja Ville pour
leur amitié.
Introduction
Un stage dans un pays en voix de développement fait intégralement parti du
programme académique du post-graduat Nord-Sud . Pendant une période de
cinq mois j´ai visité la RDC. Sur les lieux j´ai parcouru un stage à Bakanja
Ville, un centre d`accueil pour les enfants de la rue de Lubumbashi.
Ce centre est une initiative de Pères Salésiens et fait parti des Œuvres
Maman Marguerite, appelée ainsi d´après
la mère de Don Bosco, fondateur de la congrégation. Celui-ci s´occupait du développement des jeunes sans
se préoccuper de leurs origines. Ceci se reflète dans le résonnement de la
congrégation et ses activités. Bakanja Ville est un centre ou les jeunes de la
rue moins de 18 ans sont accueillis dans le but d´une réintégration familiale
et sociale. Mon intension avec cet exposé est de montrer le sens de ce centre. Je veux suivre de façon
critique l´assistance aux jeunes á partir de leur entrée jusqu´à leur
réintégration éventuelle dans leur famille. De cette façon je suivrais l´esprit
de la congrégation et de ses activités.
Bakanja Ville est donc un centre
d´accueil pour les enfants de la rue qui sont mineurs, dans le but de les
réintégrer familialement et socialement. Dans mon exposé je veux commenter le
centre et son groupe-cible. J´approcherais de façon critique les services du
centre. Le fonctionnement sera soumis aux critères d´un bon projet.
Un pays en crise
La RDC est un pays qui a connu beaucoup de crises. Des guerres, des coups d´état, des embargos etc. sont les
raisons du déséquilibre du pays qui est en crise sur le plan politique,
économique et social. La majorité des
Congolais ne peut satisfaire á ses besoin de base. La position difficile de la RDC ne se
reflète pas non seulement dans les
statistiques des instances internationales (UNICEF, IMF etc.) elle est surtout
visible dans la vie quotidienne. La pauvreté extrême est réelle dans
toutes les villes Congolaises. Pour beaucoup de
Congolais il n´y a pas de perspectives possibles. Ils n´osent même pas penser à l´avenir. Seulement une minorité a les moyens de vivre une vie
normale. Pour une grande partie de la population, chaque jour est un combat à
la survie. 1 $ pour nourrir sa famille á la fin de la journée ?
Il n´y n’a pas seulement des problèmes économiques et financiers dans le
pays. Il existe un problème
institutionnel énorme : les
services de santé publique sont insuffisants,
les services publiques sont mauvais ou en voie de jaillissement, les services
judiciaires sont corrompus, de même pour la police, les droits de l´enfant ne
sont pas respectés bien qu´ils soient approuvé et reconnus par le gouvernement.
Le chaos interne résulte dans le fait que le Congolais doit toujours être
inventif et résoudre ses problèmes
lui-même. En ville les liens familiaux sont en voie de disparition et
les amis se font payer pour des services rendus.
Quelques chiffres : - longévité
moyenne : 48,4 %
- par mille naissances 670 bébés sont vivants
- mortalité infantile ( 0-5 ans) : 17%
- index de
développement humanitaire : 0,286
- seuil de pauvreté (1 $ par jour) : 70% de
la population
- revenu moyen par an : 280$
- alphabétisation : 66,8 %
- chômage : 80 % de la population
Au Katanga les entreprises gouvernementales de la Gécamines avaient dans le
passé rendu la province la plus riche de la RDC. Les minerais comme le cuivre,
le cobalt, l´or et les diamants, le Coltrane, constituaient la base de ces
richesses. Mais les faillites des
entreprises étaient la cause des fermetures des mines. Ceci signifiait un coup
grave pour l´économie et l´emploi locale.
Les jeunes défavorisés
Vu la situation économique et sociale, la prospérassions de la population
sont devenues nulle. Les pauvres et les faibles (enfants et personnes âgées) sont très vulnérables dans cette situation.
L´instabilité économique, sociale et politique ne laissent pas de chances á la
jeunesse Congolaise. Ils sont rejetés par les grands du pays.
En 1997, pendant la rébellion de Joseph Désiré Kabila, beaucoup de jeunes
étaient recrutés dans l´armé Congolaise. Les enfants soldats. Les kadogos se
sont pendant cette période adjugés une certaine autorité par les armes. Des
faits graves comme le menace ment de
mort de leurs propres familles, les drogues que les officiers leur
fournissaient, faisaient de ces enfants des soldats violents et dangereux.
Drogués, ils exécutaient tout les ordres, ils allaient même jusqu´à tuer leurs
parents pour prouver leur fidélité à l´armée Congolaise. Arès la guerre, sans
drogues, ils se rendaient comte de la réalité cruelle. Leur vie s´écroulait.
Avec beaucoup de chance ils pouvaient s´enfuir.
Le phénomène des enfants de la rue, les chégés ou vagabonds, est donc
récent. Après tout ces évènements sur le plan social et personnel ces jeunes
commencent une vie dans la rue puisqu´ils n´ont pas de protection des adultes.
Mais les causes les plus fréquentes du phénomène sont la mort de un ou des deux
parents, le divorce et remariage des parents, la pauvreté dans la famille
et…l´accusation de sorcellerie.
Dans la rue la loi du plus fort règne. Au début les enfants sont
abandonnés. Ils sont confrontés à des situations extrêmes et vivent des
expériences traumatiques. Beaucoup d´adultes ne vivront jamais ce que ces
enfants subissent dans leur jeunesse. Chaque jour devient un combat pour
survivre.
Avec 70% de la population qui ne gagne pas plus que 1 $ par jour, la plupart des familles ont
des problèmes à se tenir debout. Pour cette cause, beaucoup de jeunes enfants
sont obligés de travailler pour supporter la famille. Ils travaillent dans les
petites mines, vendent de sacs en plastic, conduisent des vélos-taxis, lavent
des voitures, cirent des chaussures, sont porteurs d´eau ou de marchandises,
tire des chariots très lourds. Ceci peut nous paraitre dangereux, mais c´est
leur seule chance de survivre.
La situation socio-économique a attiré l´attention sur la jeunesse Congolaise.
Jamais auparavant les jeunes étaient aussi actifs dans la société. Ils se
trouvent maintenant proche de la réalité politique. Ils sont obligés de
participer à la vie dure de la société.
DON BOSCO au NORD
Fondé en 1969, le NGO Belge, MOS COMIDE et appelé plus tard VIA DON BOSCO,
fonctionnait comme relais entre L´Afrique Centrale et l´Europe. Au d´but le NGO
se concentrait sur l´éducation. Après des années les activités se sont étendues
aux soins médicaux et à l´agriculture. Ils devaient actif dans plusieurs pays
de l´Afrique, de l`Amérique du sud, de l´Asie et des Indes. Les sœurs et les
prêtres marchaient dans les traces de leur fondateur par l´éducation et des
projets d´information. Ils se battent contre la pauvreté et surtout ils s´occupent des enfants
défavorisés dans les pays concernés.
VIA DON BOSCO A 5 BUTS ESSENTIELS :
- propager les possibilités d´éducation des jeunes d´favorisés
- Améliorer la qualité de l´éducation
- intensifier et diriger des vois à l´emploi local
- Renforcer l´intégration des projets de développement dans un contexte local
-Augmenter l´intégration de gestion des partenaires et collaborateurs
L´éducation intégrale des jeunes a toujours une position centrale.
Grâce aux donations du gouvernement Belge, l´Union Européenne et des
donateurs privés VIA peut réaliser ses buts.
Les Œuvres Maman
Marguerite dans le Sud
En 1933 les Salésiens commencent leurs activités à Lubumbashi. Ils
construisent des écoles primaires et secondaires et des écoles techniques. Ils
étaient confrontés de plus en plus avec les enfants défavorisés et ils se
décidèrent de se consacrer aussi sur les enfants de la rue. Au début les
ouvrages n´étaient pas organisées. Pour cette raison les Salésiens ont créé en
1994 les OMM, une organisation englobant différents projets pour enfants de la
rue. L´organisation est une a.s.b.l.
Bakanja Ville devenait un centre d´accueil pour le transit des enfants à
Bakanja Centre qui devenait une école et
un internat. Magone Filles devenait la maison d´accueil pour filles et les plus
petits des garçons.
À travers les années les OMM se sont spécialisé dans les problématiques des
enfants de la rue. Plusieurs petits projets .qui font parti de l’a.s.b.l.
travaillent de façon structurelle sur l´éducation intégrale des jeunes.
L´intégration familiale et sociale est leur but absolu. Le même système de
travail est suivi dans chacune des maisons pour mettre les enfants sur la même
voie. On ne donne pas de nourriture ni d´ habits aux enfants qui vivent dans la
rue. Par contre si ils viennent vivre dans une des maisons et se soumettent aux
règles ils sont habillés et nourris. Ceci est une motivation positive pour que
les enfants se mettent à réfléchir sur leur façon de vivre. Les enfants ne sont
jamais forcés d´entrer dans les maisons. Les collaborateurs s´occupent à
sensibiliser les enfants : Ils tirent leur attention sur les dangers de la
vie dans la rue et leur expliquent en quoi consiste l´aide qu´ils peuvent
recevoir dans les maisons d`accueil. Un enfant décide alors si oui ou non il
veut recevoir notre aide. Il entre librement dans une maison (motivation
intrinsèque). Les portes sons toujours ouvertes. Ils savent que s´ils entrent dans une maison,
leur réintégration dans la famille et la société a commencé.
Organisation des centres
14 centres font parti des
OMM : Bakanja Ville, Bakanja Centre, Gareli, Carolina, Dominique Savio,
Maison des jeunes, Magone, Jacaranda, Chem-Chem , Magones Filles (3 maisons familiales), St. Famille, Katimel Louis Amigo
.
Centres d´accueil, écoles, ou
internats, chaque centre livre des services spécifiques à un groupe cible. Mais tous travaillent intégralement pour
l´éducation des enfants de la rue et autres jeunes défavorisés. Tous ont pour
but la réintégration familiale et sociale des jeunes. Ils veulent tous leur donner toutes les chances de
réussir.
Les centres sont maintenant bien
organisées et dirigées par :
- Le bureau de direction ou un directeur est
responsable de la coordination de l’A.S.B.L.
- La direction journalière est responsable pour le bon fonctionnement du
réseau. Ici, le contact avec
les bienfaiteurs, collaboration avec les autre
NGO sont suivis et entretenus.
- Les directions particulières,
composé d´un groupe de Salésiens, ont une réunion mensuelle sous la
Présidence du Directeur des OMM
pour discuter les problèmes de collaboration.
- Pour la collaboration efficace les représentants de tous les centres se réunissent une fois
par moi entre eux
Le financement
Tant qu’A.S.B.L., les OMM sons pour la plus grande partie dépendantes des
donateurs sur le plan financier. L´organisation ne reçoit pas de subventions du
gouvernement Congolais. Les entreprises privées sont obligé par la loi
d´organiser une action de bienfaisance annuelle. Des entreprises nationales et
internationales, de NO, l´état Belge et des personnes privées sont de très
importants donateurs.
Chaque année il y a besoin de 300.000 €. Cet argent permet au 14 centres de
nourrir, habiller, acheter des besoins particuliers, les frais médicaux, les
salaires des professeurs, assistants sociaux, éducateurs, personnel médical,
personnel d´entretien.
Les donateurs demandent un rapport financier annuel. Chaque année il faut
chercher de nouvelles entreprises pour arriver à rassembler assez ´argent pour
le bon fonctionnement des centres.
BAKANJA VILLE
Lorsque Bakanja Centre commença ses activités en 1994, les enfants de la rue de Lubumbashi ne
venaient pas. Le centre était trop éloigné de leurs activités journalières. C´est pourquoi les
Salésiens ont ouvert une nouvelle maison en plein centre ville. Le fait que les
deux centres s´appellent Bakanja n´est pas une coïncidence. Grâce à une collaboration ils se complètent.
Les enfants sont accueillis à Bakanja Ville pour après éventuellement aller à
l´école et à l´internat de Bakanja Centre.
En 1998 Bakanja Ville entame ses activités comme centre d´accueil. Une
fois par semaine les enfants viennent parler de leurs problèmes avec un
assistant social.
En 1999 ils peuvent venir tout les jours entre 7.00 et 18.00. Ils viennent
toujours parler à l´assistant social, mais maintenant ils peuvent aussi prendre
une douche, laver leurs habits, préparer leurs repas, aller aux toilettes. Ils
ne restent pas de façon permanente, mais on envisage déjà leur réintégration
dans la famille.
En 2000 le gouvernement provincial décidait que les enfants de la rue
devaient disparaitre de la ville de Lubumbashi. La police les mettait tout
simplement en prison. Beaucoup se réunissaient et se cachaient partout. Mais
par manque de moyens financiers le directeur de la prison décida après quelque
temps de les remettre en liberté. Une fois de retour dans la rue, les enfants
étaient souvent maltraités par la police et les militaires. Un petit groupe est
alors allé demander de l´aide à Bakanja Ville. La question était s´ils
pouvaient passer la nuit dans la maison. Le centre est alors devenu, non
seulement un centre d´accueil, mais aussi un endroit ou les jeunes pouvaient
dormir en sécurité. La philosophie de la maison restait pourtant toujours la
même : on ne donnait toujours pas aux enfants de la nourriture ni des
habits, ils dormaient toujours sur leurs cartons. Ils devaient se réaliser que
la vie dans la rue est pleine de dangers et de défaillances. Les plus petits
recevaient parfois un petit extra. Les portes étaient fermées de 21.00 à 7.00
du matin. Tous les jeunes garçons mineurs habitants la rue étaient les
bienvenus pour passer la nuit dans la maison. A 7.00 du matin ils retournaient
au centre ville pour y reprendre leurs activités (aller choquer). Dans
l´après-midi ils rentraient pour jouer dans la cour et préparer un peut de
nourriture. Après un an on commençait à envoyer des enfants à Bakanja Centre
pour y entamer leur éducation à l´école.
En 2009 de nouvelles mesures provinciales sont prises concernant les
enfants de la rue. Comme ils n´étaient toujours pas admis dans l´image de la
rue à Lubumbashi, Ils pouvaient choisir entre rentrer en famille, aller vivre
hors de la ville, ou bien se faire enfermer dans le centre de la Kasapa. Les
centres qui n’acceptaient pas ces conditions seraient fermés. Ceci était le cas
de Bakanja Ville.
Après des négociations la maison pouvait continuer à travailler à plusieurs
conditions :
-Il fallait changer d´abris pour la nuit à un internat
-accueillir seulement les nouveaux-venus et pas les habitués
- ne pas accueillir les enfants qui ont fuit la Kasapa, ces jeunes doivent
être renvoyés immédiatement dans cette institution.
Fin 2009 la maison Bakanja Ville devient officiellement une maison d´accueil
à accessibilité partielle pour les enfants de la rue ou défavorisés. Le but
reste le même : la réintégration des enfants dans leurs famille. Les
conditions imposées :
- il s´agit de jeunes garçons mineurs, les plus petits doivent être envoyés
dans un centre adapté.
- je jeune vit dans la rue ou a des problèmes à cause d´une rupture entre
les parents ou de décès de un ou des deux parents
- le jeune doit savoir que le but primordial du centre est la réintégration
en famille
Les jeunes sont toujours libres de venir au centre, mais ils doivent aider
à retrouver leurs familles en donnant des informations (adresses, tél.,
noms ) . Le centre est une maison de
passage et non un internat.
Le team
Pendant la période de mon stage il y avait 6 personnes responsables dans le
team Bakanja Ville :
- le Père Eric, directeur
- Mr. Maswapi Urbain, assistant social
- 3 aspirants ( Fr. Adrien, Fr. Charles, Fr. Jean de Dieu)
Le Père Eric est responsable pour la coordination des activités de chaque
jour. Il préside chaque matin la réunion avec l´assistant social et les aspirants.
Dans cette réunion on parle de problèmes surgis le jour d´avant, des nouveaux
enfants, problèmes techniques, du contact avec le tribunal des jeunes, et les
activités de la journée sont planés. Après la réunion le Père va travailler à
la procure des Salésiens.
L´assistant social est surtout responsable des visites aux familles, le
contact avec le tribunal des jeunes, les écoles. Après 11 ans d´expérience avec
les enfants de la rue il est considéré spécialiste.
Les aspirants sont de jeunes candidats chez les Salésiens. Ils doivent tous
travailler un an dans un centre OMM. Ils sont indispensables au fonctionnement
du centre. Ils s´occupent de la discipline, des activités sportives, les achats
de la nourriture. Chacun d´entre eux est aussi responsable d´un petit groupe
spécifique d´enfants. Une fois par semaine ils font une évaluation du groupe.
Ils ont aussi des contacts personnels avec les enfants et leurs parents. Dans
un petit groupe les enfants sortent plus facilement de l´anonymat et de cette
façon tous ont la possibilité de se faire entendre. Les frères font aussi des
visites en famille et organisent des journées de contact avec les parents au
centre même. A tour de rôle ils restent un jour par semaine dans la cour pour
accueillir de nouveaux et effectuer des travaux d´ administration.
Dans le centre les enfants reçoivent maintenant de l´assistance
psychologique. Ils ont la possibilité de sortir de leur situation marginale
dans la rue. Ils reçoivent des leçons de morale dans le mot du matin et du soir.
En entament des études ils reçoivent des perspectives à la vie dans la
communauté. Dans le cas idéal ils seront avec leurs familles. Le centre est
aussi devenu un vrai point de référence entre les familles et les enfants.
Toutes les informations y sont rassemblés et mises en fiche. Une collaboration
avec d´ autres centres permet aux jeunes d´aller vivre plus près de leurs
familles.
Les enfants de la rue
Comment les jeunes arrivent-ils de vivre dans la rue ? Il n´y a pas de
réponse exacte puisque beaucoup de facteurs sont en cause.
Avec une population dont la plupart
a un revenu de $1 par jour, la pauvreté est une grande cause. Le chômage
prime. Beaucoup de gens exécutent un petit commerce et improvisent pour
survivre. Beaucoup de parents ne gagnent pas sassez pour nourrir leurs famille
ou les habiller. Payer des études est souvent impossible. Ils envoient donc
leurs enfants dans la rue pour y exécuter des petits travaux. Ceci conduit
directement à une vie dans la rue. Les enfants se détachent de leurs familles
et s´habituent à la rue. Lorsque les parents ne réagissent pas, les jeunes ne
retournent plus à la maison.
Une longévité moyenne de 48 ans est une autre cause. Au par avant les
familles (oncles, tantes, grands-parents, frères. sœurs) prenaient soin se
leurs orphelins et leurs veuves. La pauvreté a détruit les liens familiaux. On
n´a plus les moyens en ville d´adopter un enfant et certainement pas une mère
avec ses enfants. Lorsqu´un des parents se remarie après un décès ou un
divorce, le parâtre ou la marâtre chasse souvent les enfants du premier
mariage. Les enfants sont souvent maltraités ou ne reçoivent pas à manger
jusqu´`a ce qu´ils s´enfuient de la maison.
Et puis il y a le phénomène des enfants sorciers, la plus grande partie des
enfants de la rue. La sorcellerie a depuis toujours fait partie de la culture
Congolaise. Au début c´était un monde adultes. Il fallait avoir une certaine
maturité pour entrer dans le monde obscure. Mais dans les années ´90 il y avait un changement
dans la situation. On accusait d´or et n´avant les enfants de plus en plus. Les
adeptes de « L´Eglise du Réveil » accusaient les enfants de tout. 80%
des enfants de la rue sont accusés de sorcellerie. Ils sont complètement
rejetés par leurs familles. Souvent on les met sous la tutelle d´un pasteur du
secte qui exorcise avec un tas de pratiques obscures. Ils reçoivent alors peu à
manger et doivent travailler comme esclaves. Il n´est pas étonnant que ces
enfants prennent fuite et vont vivre dans la rue ou ils sont libres. Des rapports
de REESER, SAVE THE CHILDREN, UNICEF et HUMAN RIGHTS WATCH étaient à la base de
la fondation du tribunal de la jeunesse qui défendait des accusations de
sorcellerie de mineurs. Les débuts de la protection des enfants étaient créés.
Bien que dans la tradition Congolaise de l´éducation les peines corporelles
sont toujours acceptées, elles posent souvent des problèmes. Aussi bien dans la
famille qu´à l´école un enfant peut être battu. Chaque enfant réagit
différemment dans cette situation. Parfois les enfants quitte la maison par
peur des coups. Ils prennent alors le gout de la liberté dans la rue et ne
retourne plus chez leurs parents.
Beaucoup d´enfants aussi ont le désir d´entamer des études. Ils s´ennuient à la maison et veulent
découvrir le monde. Ils fuient la maison dans l´espoir de trouver la solution
dans un centre.
Le tribunal de la jeunesse existe, mais par manque de moyens, le système
juridique ne fonctionne pas. Les enfants ne sont donc pas protégés par la loi.
Les jeunes sont donc confrontés à un tas de problèmes dans plusieurs
domaines de la vie dans la rue. Il faut un approche structurel au niveau
individuel, familial et social.
La vie dans la rue
Dans la rue les enfants mènent un combat de chaque jour pour survivre.
Souvent la violence est le seul moyen de gagner le respect. Les plus
vulnérables sont les grandes victimes. On vit en bande et se sont les chefs qui
décident. Pourtant il existe une certaine loyauté parmi les enfants de la rue.
Ils se protègent mutuellement et prennent soin des plus petits et des malades.
Pour gagner de l´argent ils font de petits travaux et si cela ne suffit
pas, ils vont mendier, voler se prostituer. Ils vont choquer. A la tombée de la
nuit ils se retirent dans un lieu ou ils peuvent dormir plus en moins en
sécurité. On fait un petit feu pour se chauffer et préparer à manger. Les
jeunes se droguent pour pouvoir dormir et oublier leur misère, ou tout
simplement pour s´amuser. Ils prisent la colle, avalent du valium, boivent de
l´alcool ou fument du camphre.
La liberté ! Quel jeune ne rêve
pas de prendre les décisions soi-même, aller se coucher quand on veut, manger,
boire ce que l´on veut, s´amuser toute la journée avec ses amis ? Peu
importe les dangers de la rue, souvent la liberté est un grand motif pour y
rester. Les jeunes font ce qu´ils veulent, quand ils le veulent, ne sont pas
contrôlés. Ils s´amusent, rigolent, sont contents. Les bagarres et les jeux
provocants rendent la vie dans la rue intéressante et irrésistible. Ils aiment
choquer. Il est difficile pour beaucoup d´enfants de retourner dans leurs familles. Ils ne comprennent pas qu´ils
n´ont aucune chance à un avenir, ils continueront à vivre dans la rue.
Assistance aux enfants de
la rue à Bakanja Ville
Les portes du centre sont ouvertes toute la journée. Les jeunes peuvent
utiliser l`infrastructure même si ils ne sont pas Résident dans la maison. Ils
peuvent prendre une douche, laver leurs habits, utiliser les toilettes,
participer aux jeux et aux activités sportives dans la cour. Mais tous doivent
suivre les règles de la maison : le tabac, les drogues, l´alcool sont
défendus. Ceux qui ne suivent pas le règlement ne peuvent plus entrer au
jusqu´á nouvel ordre.
Quand un jeune arrive à Bakanja Ville Il est accueilli par un des frères.
On laisse l´enfant se calmer, se laver, manger et puis il se repose. Puis il
répond à un questionnaire concernant les informations sur la situation familiale et on remplit la
fiche personnelle.
Une question cruciale est, combien de temps le jeune a passé dans la rue. Ci
cette période dépasse un mois, le jeune ne peut pas rester au centre. On lui
demande de revenir après une semaine. Si il revient alors on lui pose encore
plus de questions pour comparer l`information. Il arrive qu´il doit revenir
plusieurs fois. Souvent les enfants donnent de réponses contradictoires. Par
cette méthode on veut stimuler le jeune à quitter la vie dans la rue :
est-il vraiment décidé ? Veut-il vraiment rentrer en famille, aller à
l´école ?
Beaucoup de jeune viennent de fuir récemment la famille. Ceux-ci restent au
centre d´s la première entrée au centre et on contacte, si possible, la famille
immédiatement. Le jeune ne peut pas
prendre gout de la vie dans la rue ou du centre. Il doit rentrer en famille le
plus vite possible.
Lorsqu´on a noté toutes les informations et surtout écouté ce que enfant a à dire, on lui explique les règles
de la maison et le but : la réintégration.
Dés le premier jour on essaie de stabiliser le jeune. On informe le
tribunal des jeunes et on remplit une fiche judiciaire aussi. Le centre n´est
pas responsable pour le jeune.
Il peut maintenant s´adapter au groupe à travers de jeux et des activités
sportives. Les encadreurs de leur côté font des recherches sur la situation
familiale. Le jeune peut y participer et éventuellement reprendre le contact
avec sa famille. On écoute surtout pendant une première visite : pourquoi
le jeune est-il parti ? Peut-il revenir à la maison ? On observe les
différents membres de la famille : sont-ils prêts à recevoir le
jeune ? Sont-ils déçus ? Quelle est la situation financière ? Il
y a-t-il eu divorce ? Décès ? Toutes les informations sont mises en
fiche et on en discute pendant les réunions au centre. Le procès de
réintégration a commencé.
Le centre joue le rôle d´intermédiaire entre la famille et le jeune. Les
conflits et tensions entre les deux partis sont pris en charge. On donne des
conseils. Organise des rencontres. On avance pas à pas dans le procès. Ceci
dure parfois des mois, parfois des années.
Après le contact avec les parents on commence l´alphabétisation à Bakanja
Centre. Les enfants sont conduits `l´école le matin et ramenés après les cours.
De retour, l´éducation continue au centre : activités sportives,
religieuses, étude du soir et rattrapage, acrobatie, danse. Ils font leurs
travaux ménagers : lavage des habits, nettoyage des douches, toilettes,
dortoir, la cour. Tout ceci pour encourager la vie en groupe structuré, la
confiance, la discipline, l´amitié.
A Bakanka Ville on aspire une
réintégration réussie. Pour les enfants de la rue il est souvent difficile
d´accepter ce point de vue. C´est pourquoi on organise des camps de
conscientisation. On choisi un lieu dans la nature près d´un centre des
Salésiens. Dans une ambiance relaxe des spécialistes sont invités à venir parles
aux jeunes des règles de la société, les droits des enfants et leurs
obligations à respecter. On organise des débats avec les jeunes et des
entrainements pratiques. On montre un film éducatif avec commentaires par
après. On s´amuse aux jeux et autour du feu de camp. A la fin du camp le groupe
a un moment de méditation individuelle et en groupe. Ces camps sont d´une
grande valeur dans le procès de réintégration parce qu’ils ont un grand impact
sur les jeunes.
Plusieurs fois par an le centre organise aussi des journées des parents. On
encourage les parents d´être présent, ce qui n´est pas toujours évident. Ce
sont des journées d´information, de débat, de rencontre avec leur enfant. On
crée dans le centre une ambiance relaxe avec de l´acrobatie, de dance, on mange
ensemble. A la fin de la journée chaque parent a la possibilité de se retirer
avec son fils et de se parler en privé.
Tout comme les autre OMM, Bakanja Ville attache une grande importance aux
relations parent-enfants. La relation entre le centre et la famille est
primordiale. La famille doit prouver qu´elle est vraiment intéressée dans la
réintégration. Elle est conscientisée des problèmes que les enfants ont connus
dans la rue. Elle doit se montrer compréhensive et avoir beaucoup de patience.
Lorsque le jeune peut rentrer de façon permanente dans la famille, le
centre commence par organiser des visites pendant le W.E. puis pendant les
vacances scolaires. On donne des conseils aux jeunes et à leurs parents pour
que les rencontres se passent bien. Il est clair que les deux partis ont besoin
de plus d´une visite pour que la bonne relation se reconstruise. Le jeune doit
se sentir le bienvenu à la maison mais il doit aussi bien se comporter. Après
chaque visite on fait une évaluation : si la visite c´est bien passée , le
jeune peut rentrer plus souvent à la maison et pour des périodes plus longues.
Si par contre l´enfant prend fuite à nouveau pendant une visite, il faut
recommencer à zéro…
Lorsque les relations se stabilisent, on prépare la réintégration définitive.
Dans le cas contraire, on inscrit le jeune à l´internat de Bakanja Centre.
Lorsqu’un jeune rentre en famille ou à l´internat on prévient le tribunal
des jeunes. Les visites en familles continuent pour superviser évolution de la relation familiale. Aussi
bien le jeune que sa famille peut contacter le centre en cas de problèmes.
Compte tenu de la pauvreté de la plus part des familles, le centre prend
souvent sur sois les frais des études. On veut par tout moyen éviter que
l´enfant s´enfuit à nouveau dans la rue.
Dans cet exposé j´ai voulu prouver l´importance de Bakanja Ville aussi bien pour les jeunes en question que
pour la société. Il est très important qu´il y ait une bonne collaboration
entre parents, enfants, écoles, les centres, et le tribunal. Bakanja Ville ne
peut pas sauver tout les enfants de la rue à Lubumbashi, mais le centre occupe
une place très importante lorsqu´il s´agit de prendre les premiers pas vers une
réunion famille-enfant. Chaque réintégration est importante. Grâce à une bonne
organisation du centre par le suivi des enfants, mise en fiche de chaque
situation, l´encouragement, on donne au jeunes toutes les chances pour
construire un avenir.
Il reste un long chemin à faire, mais avec beaucoup d´amour, d´amitié et
surtout de respect pour les enfants de la rue, Bakanja Ville réussira à faire
éblouir beaucoup de jeunes garçons.