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REFUGE POUR LES ENFANTS DE LA RUE A LUBUMBASHI R.D.CONGO

jeudi 12 novembre 2009

Chers Amis, chers bienfaiteurs,

Nos remerciements les plus cordiaux à tous ceux qui au cours de cette année nous ont aidés de mille et une manières.
Les Supérieurs Civiques, pour ne pas abandonner nos enfants, nous obligent à être créatifs...
La crise ! Il n’y a pas d’amélioration. Nous continuons à chercher des moyens pour sortir nos enfants de l’impasse. Pour les aider à rêver et à construire un avenir nouveau.
L’Etat ne nous a pas rendu la tâche facile. Il a en effet lancé une opération pour faire de Lubumbashi une ville propre. C’est à dire faire disparaître de la ville tous les déchets, faire disparaître les vendeurs et vendeuses ambulants, et faire disparaître les enfants de la rue. On ne pouvait plus tolérer ces rebuts dans une ville comme Lubumbashi, qui doit être comparable à une ville européenne.
L’action a commencé le 17 août 2009. Les enfants ont eu trois jours, soit pour disparaître de la ville, soit pour se faire inscrire dans un des bureaux du Ministère des Affaires Sociales. Ceux que l’on rencontrerait encore en ville après ces trois jours seraient mis en prison. Les enfants et les jeunes qui se sont fait inscrire ont été logés dans un refuge de l’Etat. Ce refuge n’a rien à envier à une « prison », car il y a des fils barbelés tout autour, et il est gardé par des policiers. On avait promis aux enfants qu’ils pourraient y suivre des cours, apprendre un métier. Deux mois plus tard, l’école est toujours dans sa phase initiale. Nous avons demandé à l’UNICEF de bien vouloir réagir contre cette violation des droits de l’enfant. Ils ont finalement pris position pour faire savoir qu’eux aussi étaient contre ce Centre.
Mais l’Etat ne s’en soucie guère. Le rebut de la rue a officiellement disparu.
Cependant les enfants ont déjà trouvé le moyen de sortir régulièrement de leur réserve. Avec le petit pain de savon qu’ils reçoivent au Centre, ils « paient » les policiers-gardiens qui les laissent s’en aller. C’est ainsi que nous rencontrons régulièrement des enfants qui fréquentaient notre refuge auparavant. Alors la première chose qu’ils demandent, c’est un peu de savon pour se laver chez nous. Car il paraît que là-bas, le ravitaillement d’eau pose également problème.
Après leur toilette, ils vont en ville pour essayer de gagner quelques sous, et vers l’heure du repas ils retournent dans leur « institution ».
Bakanja-Ville doit être très prudent, car officiellement nous n’avons plus le droit d’y laisser entrer des enfants. Le gouvernement nous a ordonné d’enfermer les enfants qui viendraient frapper à notre porte, puis d’avertir la police qui viendrait les chercher. Ici ils ont compté sans leur hôte : Don Bosco ne livre pas ses enfants dans les mains de la police. Il s’agit donc d’être discrets. C’est tout à fait normal que l’Etat s’engage aussi pour les Enfants de la Rue. Mais ce qui n’est pas normal, c’est qu’ils ne nous aient jamais contactés pour voir comment nous éduquons les enfants. Et leur façon de traiter les enfants est une preuve qu’ils n’ont pas ou peu de respect pour eux.
Mais nous continuons ! ! ! Nos treize autres centres fonctionnent à merveille. Ainsi cette année encore, une de nos filles a reçu son diplôme d’état et est déjà au travail. Grâce à notre accueil, cette fille est sauvée de la prostitution. Une autre fille est mariée depuis deux semaines. Elle est heureuse !
Encore un autre cas. Une fille était inculpée de sorcellerie. Nous l’avons accueillie à moitié brûlée. Elle a pu étudier. Les Médecins Sans Vacances l’ont soignée et ont pu faire disparaître les taches de brûlures les plus graves. Elle peut maintenant fonder une famille.
Je pense aussi à Kayembe, un sourd-muet que nous avons trouvé dans la rue et que nous avons adopté. Il est maintenant dans un institut spécialisé. Il apprend un métier. C’est un ange, serviable, enjoué et très studieux. Il vient passer ses vacances à Bakanja Centre. Et ici, il est le bras droit de maman Annie. Rien n’échappe à son attention, et il est toujours prêt à rendre service.
A Bakanja Centre, 220 enfants suivent l’école primaire. Nous avons pu réinsérer 150 enfants. Septante sont inscrits comme internes car leur réinsertion en famille n’était pas encore possible.
L’un d’eux, Samy a 13 ans. Fin mai, il est arrivé au refuge. Comme tout habit, il n’avait qu’un pull-over. Il n’avait même pas de pantalon. Il fuyait sa grand-mère. Qu’était-il arrivé ? On avait inculpé Samy d’avoir volé une camisole pendant la leçon de gymnastique. Les parents du garçon qui avait perdu sa camisole sont allés réclamer chez la directrice. La directrice de l’école étant la grand-mère de Samy, et comme il était accusé d’être le voleur, elle n’a rien trouvé de mieux que de lier Samy, de brûler un sac en plastique, et de laisser couler le plastic fondu sur tout son corps. Cette punition ne suffisait pas. Après, la grand-mère l’a enfermé pendant trois jours dans un W.C. D’ici il a pu s’enfuir, et ainsi, il est arrivé chez nous. Immédiatement il a reçu les soins nécessaires et les injections contre le tétanos. Hélas, celles-ci sont venues trop tard. Il a eu le tétanos. Ce n’était pas beau à voir. Il a passé deux semaines en soins intensifs de notre policlinique. Après une longue convalescence, Samy est de nouveau sur pied. Nous l’avons inscrit comme interne. Chaque jour il suit les cours à Bakanja Centre. Nous en avons fait une affaire judiciaire. Mais dans le pays, il n’y a que peu de justice, aussi les coupables restent en liberté. Petit à petit Samy ressuscite. De temps en temps un sourire apparaît sur son visage. Quand j’ai vu son premier sourire, des larmes de joie inondaient mes yeux.

Chers amis,
Les huit cents garçons et filles de nos Centres ont chacun leur propre histoire sur la façon dont ils sont à un certain moment arrivés dans la rue. C’est pour eux que nous nous engageons. Nous voulons leur donner une existence humaine et un avenir radieux. Quand il était parmi nous, Jésus n’a fait que cela : faire grandir les petits hommes ; leur donner des chances nouvelles, faire briller le soleil dans leurs vies.
Amis, nos enfants comptent sur vous !
Au nom de Samy et de tous les autres enfants, un cordial merci.

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