Témoignage d’une fille qui vient d’obtenir son diplôme d’Etat
Quand j'avais l’âge de 8 ans, ma mère est tombée malade. A partir de ce moment, toute la famille m’a accusée d’être l’auteur (sorcière) de la souffrance de notre maman. Elle est morte une année après, en 1992.
Déjà avant sa mort, j’étais l’objet de tortures, de menaces et on m’amenait dans différentes sectes où les prophètes pratiquaient toutes sortes de cérémonies sur moi: boire de l’eau, ou de l’huile pour que je puisse vomir tout le mal que j’avais en moi et qui faisait que je sois dans cet état de sorcellerie.
Deux jours après l’enterrement de ma mère, la famille m’a exclue et m’a chassée. Malheureusement, je ne connaissais même pas mon père parce que je suis un enfant né d’un deuxième mariage, ma mère s’étant remariée après la mort de son premier mari avec qui elle avait eu cinq enfants, tous des garçons. Elle ne m’avait jamais parlé de mon père. Où pouvais-je partir ? Tous étaient contre moi ? Alors, je me suis dirigée vers le marché de la ville.
La nuit, j’y ai trouvé une bande d'enfants, des filles et des garçons qui m’ont accueillie avec des coups et m’ont arraché tout ce que j’avais. Je ne pouvais pas supporter cette vie de vagabondage, des tortures et de souffrances de toutes sortes, et c'est ainsi que je me suis décidée à regagner la famille. Après presque trois mois, j’ai réapparu chez mon frère aîné qui m’a repoussée, encore.
Alors que je dormais dans un coin de la maison, tout à coup, le grand frère a versé sur moi un liquide et a jeté une allumette : j’ai été brûlée à la figure, la poitrine et au ventre, quel scandale ! J’ai crié et ce sont les voisins qui sont venus me secourir et m’accompagner à l’hôpital Sendwe où je suis restée pendant plus ou moins 6 mois. Aucun membre de ma famille n’est passé me rendre visite sauf les amies de ma mère.
Les membres de la famille sont restés catégoriques de ne plus vouloir m’accueillir chez eux. J’ai alors été recueillie dans une maison d’accueil familiale des filles. Je me suis sentie bien dans cette maison: pas de tortures, pas de menaces. Et le soir, on y recevait quelques conseils.
J’étais malade quand je devais rendre visite à ma famille dans le cadre de la réinsertion. Quel accueil ! A chaque visite, je recevais des paroles : « nous ne voulons plus d’elle », « qu’elle aille chercher son père », « espèce de sorcière ».
Aujourd'hui, je rends grâce au Seigneur qui m’a donné d’autres parents : la maîtresse de la maison, les membres de l’Œuvre Maman Marguerite, les bienfaiteurs, les éducateurs des jeunes … qui m’ont apporté toute leur affection. Je me retrouve enfin dans une situation normale ce qui me permet de préparer ma vie future.
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