Le refuge de nuit !
Les portes de Bakanja ville se ferment vers 21 h 00. Les enfants qui désirent avoir un lieu pour dormir en sécurité, peuvent passer la nuit dans cette maison. Le refuge de nuit est exclusivement réservé au jeune de moins de 18 ans.
Le principe reste toujours le même : c’est le jeune qui décide lui-même s’il veut rester ou non. Pendant les moments de conscientisation, nous les faisons réfléchir sur les méfaits et les dangers de dormir à l’extérieur, mais au final, le jeune doit prendre ses responsabilités. L’obliger ne sert à rien parce que s’il n’a pas envie de rester et qu’on l’y oblige, le lendemain il ne se présentera plus à Bakanja-Ville.
Pourquoi choisissent-ils de dormir à Bakanja-Ville ?
Même si à Bakanja Ville, ils dorment sur un morceau de carton qu’ils doivent amener eux-mêmes, ce qu’ils recherchent avant tout c’est une protection. Ils y sont à l’abri de la pluie et du froid mais sont surtout protégés par rapport aux grands qui confisquent leur argent et leurs biens gagnés pendant la journée, les recrutent pour commettre des vols, mais également pour des abus sexuels.
Ceux qui restent dormir, bénéficient chaque soir et chaque matin d’un moment de conscientisation. Nous avons un entretien avec le groupe durant lequel nous traitons des sujets de réinsertion, de scolarisation, de l’importance de la famille, du pardon vis-à-vis de la famille, de la dignité humaine, de l’hygiène etc. Actuellement une centaine de jeunes reste dormir à Bakanja Ville, et si l’on devait fermer la maison il y aurait dès lors cent enfants de plus qui traîneraient la nuit dans les rues de la ville et cela augmenterait encore l’insécurité.
D’autres choisissent la rue pour dormir !
Certains jeunes quittent un peu avant 21 H 00 le Centre pour passer la nuit dans la rue. Les raisons qu’ils donnent sont souvent des prétextes : notamment une raison assez souvent invoquée est l’existence de poux à Bakanja Ville. Or, plusieurs fois par semaine les dortoirs sont désinfectés, et nous-mêmes, vivant sur place, ne sommes pas confrontés à ce problème. La vraie raison se trouve plutôt dans le fait que la liberté est très attrayante: au centre ils ne peuvent pas fumer, boire de l’alcool, consommer de la drogue etc…, par contre, en dormant en ville ils sont libres de faire ce qu’ils veulent.
Visites nocturnes dans la rue !
Régulièrement une équipe d’éducateurs part après 22 H 00 à la rencontre des jeunes qui dorment dans la rue. C’est l’occasion de s’arrêter un moment pour parler avec les jeunes. Ces visites ont plusieurs objectifs :
- Nous allons à la recherche des nouveaux venus, non pour les embarquer, mais pour les inviter à venir le lendemain au Centre. De nouveau la même optique : l’enfant doit décider lui même s’il veut bénéficier de nos services. S’il ne connaît pas le chemin nous demandons à quelqu’un de l’accompagner le lendemain.
- Nous voulons aussi montrer à ceux qui ne viennent plus dormir chez nous que nous ne coupons pas les relations avec eux parce qu’ils dorment à l’extérieur. Cela reste l’occasion à chaque fois de les inviter à revenir à Bakanja Ville.
- Cela nous permet de voir aussi comment les groupes sont composés, qui évolue avec qui ? Cela peu nous aider dans le dialogue que nous avons avec le jeune quand il vient au centre. Nous pouvons également tirer les oreilles des grands si nous constatons un abus vis-à-vis d’un plus petit.
- Plusieurs fois nous sommes déjà intervenus pour protéger des filles qui évoluent dans un groupe avec des garçons. De temps en temps nous les prenons pour qu’elles passent la nuit à Bakanja-Ville et le lendemain nous cherchons ensemble une solution.
- Nous revenons régulièrement de notre tour avec des flacons de colle. Car même dans la rue nous sommes intolérants vis-à-vis de la consommation de la drogue, et donc les bouteilles de colle sont automatiquement confisquées.
Le tour que nous faisons est limité au centre ville, et nous prend environ deux heures. Le nombre de jeunes que nous rencontrons tourne approximativement à 110.
Pour les enfants mineurs, il faudrait les inciter d’avantage à dormir au refuge, afin qu’ils puissent profiter des moments de conscientisations et de la sécurité. Mais aussi longtemps qu’aucune mesure n’est prise, certains choisiront de vivre le libertinage!
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